Pour plus de clarté, je vais répondre dans un nouvel article à cette question :
Mon esprit patine à concevoir que le continuum mental n'a ni début ni fin.
Et ce, d'autant que la loi de causalité incite à conclure qu'à toute cause, un effet.
Alors, pourquoi n'y aurait-il pas une toute première cause au continuum mental ?
Cette notion de continuum mental sans commencement ni fin est assez vertigineuse en soi !
Piste de réflexion
Oui, c'est indéniablement vertigineux...
Une cause a la capacité d'entraîner un ou plusieurs fruits.
Mais elle ne le fait pas nécessairement :
- une cause ne donne rien tant qu'elle est isolée ;
- dans certains cas, elle peut être détruite ou neutralisée avant d'avoir de générer un ou des résultats (c'est d'ailleurs là le but des pratiques de purification : neutraliser et même anéantir les empreintes négatives avant qu'elles ne fructifient).
En revanche, tout effet (phénomène composé) naît obligatoirement de causes et de conditions, par définition antérieures à lui - selon l'analyse bouddhiste, en tout cas.
Un phénomène ne peut pas apparaître de "rien". Quelque chose qui apparaîtrait de rien serait auto-produit (autogène), et il ne pourrait rien produire.
C'est pour cette raison qu'il est dit que notre continuum mental existe depuis des temps sans commencement : nous savons qu'il existe car nous l'utilisons ; il faut donc qu'il vienne de quelque part.
Le continuum mental est dit être "sans fin" parce que l'observation montre qu'il se perpétue indéfiniment - en se modifiant bien sûr. Comme tout phénomène composé, un continuum (mental ou autre) change d'instant en instant.
En fonction de ce que fait ou non l'être concerné, son esprit s'améliore ou régresse, mais ultimement il finit par progresser au point d'atteindre l'éveil de Bouddha, qui correspond à l'élimination de tous les défauts et imperfections (qui ne sont pas des traits inhérents à l'esprit, mais des voiles accidentels) et au plein épanouissement de toutes les facultés et qualités.
Qu'est-ce qui le démontre ? L'expérience, paraît-il. :-)
Merci infiniment, Marie-Stella.
RépondreSupprimerVoilà qui me donne matière à ample réflexion !
Soit dit en passant, comprendre le message du bouddhisme, de temps à autre pour moi : quelle aventure ! Le Dharma me donne parfois le vertige et le mal de mer quand mon esprit butte sur une question sans parvenir à comprendre...
Y a-t-il trace de ce que le Bouddha aurait dit sur le fait que le continuum mental n'a ni commencement ni fin ?
Cela me rappelle instantanément une réflexion si souvent entendue dans mon enfance : "La vie est un éternel recommencement !"
Il y a forcément des passages afférents dans divers sutras, car ce que nos Maîtres nous enseignent n'est pas invention de leur part. Mais je n'ai pas de sources à vous citer. A voir auprès d'érudits.
SupprimerSubsidiairement…
RépondreSupprimerLe continuum mental est un phénomène composé car l’esprit change d’instant en instant. Il est donc impermanent.
Le continuum est dit être "sans début ni fin", mais il n’est pas permanent, pourquoi ? Serait-ce par définition canonique ?
Par ailleurs, s’il vous plait, quelles sont les deux types de certitudes (qui excluent immédiatement toute erreur) évoquées dans la définition de la perception précaire ? Merci d’avance ! Patrick Camberlin
Euh !...
RépondreSupprimerL'usage est de dire que le continuum mental est un phénomène composé parce qu'il naît de causes et conditions, et qu'il est impermanent parce qu'il change d'instant en instant.
Certes, tout phénomène composé est impermanent et réciproquement, mais on ne peut pas intervertir les arguments pour autant.
Cf. Vocabulaire philosophique.
Par convention (forcément), on qualifie de "permanent" tout existant qui au 2e instant est identique à ce qu'il était au 1er instant ; on qualifie d'"impermanent" tout existant qui au 2e instant n'est pas identique à ce qu'il était au 1er instant.
Un continuum mental n'a ni début ni fin, mais il est différent d'instant en instant. Il est donc impermanent.
Perception précaire : pourriez-vous citer en entier la définition à laquelle vous vous référez, SVP ?
Je comprends bien, cependant, pour un esprit qui n’observe pas uniquement « les conventions », cela apparait diversement, en effet :
Supprimer- « ce qui n’a ni début ni fin » pourrait apparaitre comme une définition cohérente du phénomène permanent. En effet, « ce qui n’a ni début ni fin » est, comme il a toujours été et sera toujours.
- Lorsqu’un humain observe un objet, les deux instants de comparaison sont issus de l’observateur et non de l’objet. Or « le temps » de l’observateur n’est pas celui de l’objet.
- Et autres encore
Définition du fascicule à perception précaire : « Perception représentative qui, ne reposant ni sur l’expérience ni sur un raisonnement valide, est dépourvue de l’une et l’autre certitude qui exclut immédiatement toute erreur, mais qui saisit son objet (lequel est véridique) d’une façon juste.
Suite
SupprimerEn quelque sorte, impermanent donne l'idée de "changeant" et permanent de "inchangeant" (si vous me permettez ce néologisme).
Les premiers traducteurs ont opté pour la paire a) permanent/b) impermanent car elle coïncide mieux avec les termes originaux (en sanskrit puis tibétain et je suppose d'autres langues asiatiques) en faisant porter la négation sur la notion b), alors que dans la paire a) changeant/b) inchangeant, c'est inversé.
1) Lors des joutes oratoires dans les monastères bouddhistes, la coutume est de préciser le système philosophique auquel on se réfère. Ce faisant, chacun sait (est censé savoir) quel sens donner aux termes utilisés.
SupprimerTout mot employé exprime un sens, mais ce sens n'est pas absolu - il est purement conventionnel, et peut varier du tout ou tout d'un système à un autre.
Quand au cours d'une discussion, les participants ne s'entendent pas sur le sens des mots, la discussion n'a ... aucun sens.
Si selon moi tel mot désigne un objet x alors que pour vous ce mot désigne un objet y, nous croirons à tort parler de la même chose.
Et nous perdrons beaucoup de temps.
2) Je ne comprends pas bien pourquoi vous faites ici allusion au temps de l'objet par rapport au temps de l'observateur. Pourriez-vous préciser votre pensée, SVP ?
Par ailleurs, quid du temps de l'objet quand l'observateur s'observe lui-même ?
3) Perception précaire : les deux certitudes évoquées sont celles indiquées juste avant dans la définition : celle qui procède de l'expérience et celle qui procède d'un raisonnement valide.
1) J’entends votre discours sur « les conventions » et « les écoles », à mon sens…
Supprimer- S’entendre sur les mots par convention est une chose.
- S’entendre sur les notions en est une autre.
- Une « notion par convention (indiscutable) » est un « dogme ».
- Pour approcher une notion, il faut la manipuler pour (éventuellement) l’intégrer.
- …
2) Vous écrivez : « Par convention (forcément), on qualifie de "permanent" tout existant qui au 2e instant est identique à ce qu'il était au 1er instant »
A) La notion de temps est une notion relative à la durée de vie et d’observation de l’observateur. Sans observateur point de temps.
B) « le temps » de l’observateur n’est pas celui de l’objet. Voyons par exemple la durée de vie de :
- La palourde Ming (507 ans) cette praire d'Islande qui porte le nom de la dynastie chinoise
- La souris (2 ans)
- Ou du bardoa (7 jours)
Si nous envisageons « un objet » donc le cycle de transformation est de trois ans. Pour la praire c’est un impermanent, alors que pour la souris c’est un permanent….
C) L’observateur va considérer deux instants d’observation et s’il n’y a pas changement entre les deux, il va considérer l’objet comme permanent. Mais du point de vue de l’objet, il n’y aura peut-être nullement deux instants, mais un seul.
D) …
1) Nous sommes donc apparemment d'accord sur le fait qu'il vaudrait mieux s'entendre sur les mots.
SupprimerBien évidemment, cela n'implique en aucun cas d'imposer telle définition par rapport à telle autre.
L'objectif immédiat est juste de savoir de part et d'autre que dans tel contexte, tel mot est utilisé avec tel sens, disons x.
A partir de là, effectivement, la discussion est ouverte à propos du sens x : maintenant qu'il est cerné, on peut l'examiner, et décider si on intègre ou non ce sens x.
2) Pour simplifier l'approche de la notion de temps et de sa relativité, on pourrait s'en tenir à l'observateur humain, car rien que pour lui, le temps semble effectivement aller en s'accélérant au fur et à mesure qu'il vieillit, pour diverses raisons dont la proportion avec le nombre d'années à son compteur personnel.
Dans ce cadre, "l'instant" étalon est le même que l'on ait 5 ans, 30 ans, 90 ans, autres.
En revanche la mesure de cet instant diffère selon les textes de référence. Selon les soutras, ce serait 1/64e de claquement de doigts, si mes souvenirs sont bons.
puisqu'il y a toujours une cause : sans début ni fin....
SupprimerBonjour Marie-Stella,
RépondreSupprimerSur le fait que le continuum mental n'a pas de débuf, pourrait-on le dire comme suit :
Une cause pour se produire a elle-même besoin d'une cause. La seconde devenant un effet en regard de la première. Il n'y aurait donc pas de possibilité de cause originaire et donc pas de début
.
Sur le fait qu'il n'y ait pas de fin pour ce continuum : un effet devient une cause qui produit un nouvel effet etc.
Votre avis ?
Merci beaucoup
Bonjour Frédéric,
Supprimer"Est-il possible pour un être ordinaire d’avoir une perception avérée discursive sur la loi de causalité ? »
Les phénomènes cachés sont perceptibles par une perception discursive, mais…
La loi de causalité fait partie des phénomènes très cachés qui sont appréhendés uniquement par les Bouddhas.
Autrement dit, pour un être ordinaire, il faut envisager la loi de causalité comme... un dogme.
Cf. Lamrim Faire naître la foi en tant que conviction à propos de la loi de causalité. Cette section relève, si je ne m'abuse, du 1er chapitre, et donc des toutes premières réalisations à viser, et à obtenir...
SupprimerS'il était impossible à un être ordinaire de comprendre quoi que ce soit à la loi de causalité, comment pourrait-on espérer que quiconque améliore son éthique ?
A ce que j'ai retenu d'Enseignements, il est dit que seuls les Bouddhas ont une compréhension pleine et entière de la loi de causalité dans ses moindres détails.
Mais il est dit aussi que les principes généraux (les 4 propriétés des karmas) sont relativement évidents, et peuvent être appréhendés par un être ordinaire.
NB Concernant la confiance requise pour admettre les phénomènes très cachés, il ne s'agit pas d'une confiance aveugle en n'importe quelle source.
Il est recommandé de vérifier la crédibilité de la source à propos des phénomènes manifestes et un peu cachés.
Si la source s'avère fiable à propos de ces deux catégories, on peut raisonnablement penser qu'elle est également fiable à propos de la troisième.
Inversement, si une source est erronée à propos des deux catégories plus simples, on peut en déduire qu'elle ne peut être considérée comme fiable à propos de phénomènes plus complexes.
...j'ai une foi convistion en la loi de causalité (dogme ou pas) !
SupprimerPourquoi ?
Le sens de la formule : "on reconnait l'arbre à ses fruits" me régale !
Peu importe qu'un "concept" "soit ou ne soit pas (...ceci ou cela)" puisqu'il suffit de constater des qualités du fruit pour avoir confiance dans les valeurs de l'arbre !
C'est exactement cela. :-) Merci et bravo.
RépondreSupprimerDans ce raisonnement, "cause" sous-entend "consubstantielle" (on ne mentionne pas les causes complétives, mais elles sont également nécessaires).
Ce raisonnement semble imparable :
RépondreSupprimer- Tout phénomène a besoin d’une cause consubstantielle pour exister
- La cause précède l’effet
- Conclusion : le continuum mental n’a pas de commencement.
Les deux premiers points sont faciles à comprendre et à observer, le raisonnement semble donc très robuste.
Oui mais, cela suppose que le temps soit suffisamment stable. Or il n’est pas si stable que cela.
Par exemple, considérons une particule se déplaçant à la vitesse de la lumière : selon Einstein, son temps propre se dilate de telle sorte qu’elle peut traverser l’univers entier pendant toute la durée de vie de cet univers, pourtant pour elle aucun temps ne se sera écoulé. C’est le cas du photon, particule de lumière. Pour le photon, le temps n’existe pas. Ce principe est démontré par l’expérience.
Il y a également l’exemple du Maître Nāgārjuna : selon l’une des traditions, il est allé dans le monde des Nāga pour enseigner. Lorsqu’il est revenu sur terre, 600 ans s’étaient écoulés, car dans le monde des Nāga le temps ne s’écoule pas à la même vitesse.
De plus, selon la science moderne, le temps est indissociable de l’espace et est l’une des composantes de notre univers. Or selon la cosmologie bouddhiste, les univers ont un début et une fin. Après la destruction d’un univers, ou avant sa naissance, le temps existe-t-il ?
Ces incertitudes au sujet de la stabilité du temps entrainent une incertitude au sujet du raisonnement ci-dessus.
Mais vous allez peut-être me dire que je vais chercher midi à quatorze heures …
Il est logique que vous cherchiez midi à quatorze, pour illustrer votre propos. :-)
RépondreSupprimerLe temps est instable : pourquoi pas ?
Comme je suis une littéraire analphabète en science, pourriez-vous préciser le sens à ici accorder à l'adjectif "instable", SVP ? Sur la base de vos exemples, je l'entends au sens de "variable" (extensible), mais je ne suis pas sûre qu'il s'agisse de cela ?
Concernant le fait que le temps ne s'écoule pas à la même vitesse selon les sphères d'existence, oui bien sûr.
Concernant le fait que "pour le proton, le temps n'existe pas", je ne peux que vous croire sur parole. Question stupide : Qu'est-ce qui prouve que le temps n'existe pas pour le proton ? N'aurait-on pas pu dire que tout photon est un phénomène présent (cad existant dans un temps qui est présent par rapport à lui) ?
Concernant les univers, oui, le bouddhisme considère qu'ils ont un début et une fin, comme tout phénomène composé - néanmoins en rapport avec les trois temps.
NB La notion de temps est l'une des plus complexes, et les approches sont très diverses d'un système philosophique bouddhiste à un autre.
Cependant, tous systèmes confondus, à en croire l'expression "depuis des temps sans commencement", il serait impossible que puisse se produire un "temps" sans aucun univers, lequel impliquerait un "temps" sans aucun être animé.
Effectivement lorsque j’écris que le temps est instable, cela veut dire qu’il est variable.
SupprimerNous avons une impression de solidité du temps surtout liée au fait que nous en sommes les esclaves. Il faut se lever à l’heure le matin, il faut être à l’heure pour ne pas rater son train, la rotation de la Terre cadence nos journées à un rythme qui nous semble immuable, etc.
Mais depuis la théorie de la relativité restreinte formulée par Einstein en 1905, nous savons que le temps propre d’un objet dépend de sa vitesse par rapport à nous. Plus un objet est rapide, et plus son temps ralentit par rapport au notre. Si nous avions des astronefs voyageant à des vitesses proches de la vitesse de la lumière, un astronaute pourrait faire un voyage qui durerait pour lui seulement 1 an, mais à son retour sur terre plusieurs siècles se seraient écoulés.
Selon la théorie de la relativité générale formulée en 1915, le temps ralentit également en fonction de la pesanteur, et dans un trou noir le temps ne s’écoule plus du tout. Nous pourrions par exemple imaginer que le monde des Nāga est en orbite autour d’un trou noir, auquel cas son temps serait ralenti par rapport au notre.
Ces phénomènes ont été démontrés par de nombreuses expériences, par exemple en embarquant une horloge atomique dans un avion. Lorsque l’avion a atterri, son horloge était en retard par rapport à son horloge jumelle restée à Terre, et les résultats étaient conformes à la théorie. L’écart était insignifiant, quelques milliardièmes de seconde. C’est à dire qu’aux vitesses pratiquées par les humains, ce phénomène est imperceptible.
Ce phénomène est démontré également par le système de localisation GPS. Il faut tenir compte des modifications du temps des satellites liées à leur vitesse, conformément à la théorie de la relativité, sinon le GPS serait très imprécis. Il vous dirait par exemple que vous êtes à Veneux-Les sablons alors que vous êtes en réalité à Fontainebleau.
Autre expérience : le temps d’une horloge change selon qu’elle est au niveau de la mer ou au sommet d’une montagne.
Autre expérience : les particules accélérées dans les accélérateurs vivent plus longtemps.
Etc. Donc la relativité du temps est bien démontrée.
En théorie, si on atteint la vitesse de la lumière, ce qui est le cas du photon (particule de lumière de masse nulle), le temps ne s’écoule plus par rapport à nous. (Remarque : vous avez écrit parfois proton, qui est une autre particule très lourde vivant au cœur des atomes.) Pour un rayon de lumière qui a commencé son voyage dès la naissance de notre univers, aucun temps ne s’est encore écoulé, alors que pendant ce temps l’univers de matière, lui, a vieilli de 14 milliards d’années.
Ceci dit, bien que le temps soit variable, la cause précède toujours l’effet, du moins dans notre univers.
Mais notre univers ayant un commencement, et le temps dont nous parlons étant celui de notre univers, il en découle que notre temps a un commencement. Autrement dit, avant l’instant 0 de notre univers, nous n’avons plus aucune certitude relative à l’existence préalable d’un continuum mental, puisqu’il n’y a plus de certitude quant à l’existence d’une cause par rapport à notre référentiel de temps.
Cette constatation fragilise la démonstration prouvant que le continuum mental n’a pas de commencement.
Maintenant il existe peut-être une sorte de temps universel indépendant du temps des univers, mais pour l’instant je dirai que c’est une connaissance « très cachée ».
Sous toutes réserves, car je ne connais d'eux que très peu, il me semble que les traités bouddhistes admettent le fait que le temps soit variable (cf indications sur la "durée" dans d'autres sphères d'existence), mais que la plupart admettent aussi que la cause x précède forcément l'effet y.
RépondreSupprimerDans l'hypothèse où y précéderait x, ne serait-ce d'ailleurs pas simplement que les rôles seraient inversés ? Un temps a contrario, mais un temps quand même.
L'idée (personnelle) me vient que peu importe l'ordre.
L'idée de 'temps qui s'écoule' ne naît-elle pas soit du décalage observé entre deux phénomènes reliés par une relation causale, soit du changement d'instant en instant qui se produit dans ce que nous appelons d'ordinaire "un phénomène", mais qui est en réalité un continuum de phénomènes - chacun étant par définition instantané ?
Concernant un photon (proton étant juste une coquille), le fait qu'il vieillisse infiniment plus lentement que la matière grossière prouve-t-il qu'il ne vieillit pas du tout ? J'en doute...
Ce photon, apparaît-il puis disparaît-il ? Cad est-il ou non un phénomène composé ? Si oui, il est en principe soumis à l'impermanence subtile (à son échelle) et même à l'impermanence grossière, même si cela échappe à nos facultés sensorielles (très grossières).
Pour reprendre l'un de vos énoncés "... elle peut traverser l’univers entier pendant toute la durée de vie de cet univers, ... "
Un existant capable de "traverser" admet manifestement le changement... J'aurais donc tendance à en déduite qu'il ne peut qu'être impermanent - même si c'est sur une toute autre échelle que l'humaine.
Après tout, aux yeux du papillon, un humain semble probablement éternel...
Pour ce qui est d'un temps universel indépendant, franchement, j'en doute.
Ce que dit la science :
Supprimer- Tout ce qui se déplace à la vitesse de la lumière ne vieillit pas par rapport à nous (dilatation infinie du temps).
- Tout ce qui se déplace à la vitesse de la lumière a une dimension nulle par rapport à nous (contraction infinie de l’espace).
- Lorsque la lumière rencontre de la matière, elle se transforme en énergie
- Le photon, particule de lumière, a une masse nulle.
- La matière peut se transformer en lumière, et la lumière peut se transformer en matière.
Les aspects ci-dessus ont été démontré par de nombreuses expériences, et présentent donc un degré élevé de certitude. Il serait difficile de les réfuter.
Voici maintenant mes propres réflexions à ce sujet. Ce qui est énoncé plus haut est admis et démontré par la science, ce qui suit est spéculation / déduction / induction de ma part :
Le photon a un statut unique permis tous les objets de l’univers, car lorsqu’il se déplace dans le vide :
- Il ne vieillit pas (dilatation infinie du temps)
- Il n’a pas d’espace (dimension nulle)
- Il n’a pas de masse.
De son propre point de vue a lui, le photon n’a pas de temps, pas d’espace et pas de masse, on peut donc considérer qu’il n’est pas totalement matériel. Il est sans forme.
Tant que le photon est libre, le temps n’existe pas. C’est lorsque le photon se transforme en matière ou en énergie que le temps commence alors à exister.
On peut donc considérer que le photon est la matière première à partir de laquelle a été construit notre univers, que cette matière première n’a pas de temps, pas d’espace et pas de masse.
Le photon appartient à une sorte de monde sans forme et sans temps, et c’est lorsque les photons se contorsionnent pour se transformer en matière que commencent à exister le temps, l’espace, la matière et l’énergie.
Le photon est donc une sorte de messager, ou d’interface avec une autre dimension.
Voila donc un aspect de ma cosmologie personnelle actuelle, mais ce point de vue est impermanent et va sans doute évoluer.
Cher Philippe, Je vous présente mes meilleurs voeux pour l'année de singe de feu.
SupprimerJuste pour le plaisir de rebondir sur votre commentaire, j'aurais envie d'ajouter "à ce jour" à votre énoncé introductif : "Ce que dit la science."
Je note avec intérêt la précision "par rapport à nous" et vos indications relatives aux transformations.
Ce que vous dites des photons se contorsionnant jusqu'à se transformer en matière, m'évoque certains descriptions bouddhistes à propos de l'apparition d'un monde (NB Pas de malentendu : je ne dis pas que c'est la même chose).
Par ailleurs, le fait qu'un photon puisse se transformer en matière, ne me semble pas contradictoire avec les Enseignements du Bouddha à propos des causes et des résultats, ou encore des "particules subtiles" - qui sont parfois classées dans la rubrique "phénomènes composés ni forme ni esprit", contrairement aux particules grossières, toujours classées dans la catégorie "forme".
Merci beaucoup. Je vous souhaite également une excellente année de singe de feu !
SupprimerJe ne sais pas si le singe de feu chinois est identique au singe de feu tibétain, mais j’ai trouvé cette description sur Internet :
« Le singe est connu pour être malin, charmeur, chanceux, intuitif et inventif. Son côté joueur, sociable, son agilité et son attitude imprévisible l'amènent à prendre des risques et à trouver des idées innovantes. Exubérant et dynamique, il est ingénieur ou artiste dans l'âme. L'élément feu devrait renforcer l'envie d'agir et d'exprimer sa créativité. L'année du singe de feu, qui commence ce lundi, devrait donc être marquée par l'inventivité, les découvertes, les imprévus et les surprises. »
Plutôt intéressant comme programme !
Pas trop de risque de s'ennuyer, dirait-on. :-)
SupprimerA propos des rapports entre science moderne et bouddhisme :
RépondreSupprimerDans son livre « l’infini dans la paume de la main », Matthieu Ricard souligne de nombreuses convergences entre science moderne et bouddhisme, ce qui est plutôt rassurant.
Pour ma part je ne considère pas qu’il s’agisse de deux compartiments distincts, car science et bouddhisme décrivent ce qui est, la science étant spécialisée dans le domaine de la forme et le bouddhisme plutôt dans le domaine de l’esprit.
Mais actuellement ces deux domaines font l’objet d’études distinctes, ce qui pose problème lorsqu’on cherche à examiner en détail de quelle façon l’esprit communique avec la matière. Comment fait l’esprit pour se « brancher » sur le corps, aussi bien au niveau de la « naissance » qu’au niveau quotidien des perceptions et des actions (comment fait une pensée immatérielle pour faire bouger un muscle ?)
Je crois donc qu’une synergie entre ces deux domaines pourrait nous être très utile, en tirant parti notamment des connaissances nouvelles en biologie et en mécanique quantique (qui décrit le fonctionnement de la matière au niveau le plus fondamental).
Mais un problème se pose : les Maîtres doivent transmettre les enseignements, mais ne sont pas supposer inventer. Ce qui semble rendre impossible toute évolution des enseignements.
J’en étais donc là de ce dilemme, lorsqu’une récente émission de Sagesses Bouddhistes m’a fourni une clé en parlant d’un maître découvreur de « trésors », connaissances qui attendent que les hommes soient prêts à les recevoir.
Ce qui s’est déjà produit dans le passé : par exemple Asanga a reçu de Maitreya la transmission de nouveaux textes, ou bien encore des enseignements du Bouddha mais trop difficiles pour les gens de l’époque ont été conservés dans le monde des Nāga, en attendant d’être ramenés sur Terre par Nāgārjuna (les prajnaparamita Sūtras).
Il me semble donc possible et probable que nous disposions bientôt d’explications plus détaillées relatives à la façon dont l’esprit est relié au corps, car je ne crois pas qu’il s’agisse de magie, il y a probablement des mécanismes bien précis à l’œuvre au niveau biologique.
Je doute aussi qu'il s'agisse de magie. :-)
RépondreSupprimerDepuis l'époque du Bouddha, il existe des explications passablement détaillées sur les relations entre l'esprit et le corps, dans les tantras notamment.
Mais oui, il arrive que des Enseignements soient redécouverts bien longtemps après avoir été oubliés.
Plus "simplement" encore, j'ai la conviction que l'Enseignement du Bouddha (qui est réputé omniscient) est infini, et qu'il est possible de le comprendre à de multiples niveaux, en fonction des capacités que l'on a ou non développées, et des connaissances auxquelles on a accès.
Cette conviction me vient de l'expérience personnelle, et je ne puis donc pas affirmer qu'il en irait de même pour autrui. Au fil des années, je me rends compte que le "sens" des Enseignements change et s'élargit, c'est à dire que tel énoncé qui me semblait évident (voire simpliste) il y a 40 ans m'apparaît aujourd'hui complexe, et ouvre sur des niveaux de compréhension que je ne pouvais pas imaginer naguère.
D'ores et déjà, des personnes qualifiées ont décelé des convergences entre certains Enseignements du Bouddha et certaines notions découvertes très récemment par la physique quantique- qui n'en est qu'à ses débuts.
Une difficulté majeure réside, selon moi, dans la rareté de ceux qui auraient suffisamment de connaissances dans les deux domaines pour pouvoir établir des comparaisons approfondies.
Pour le moment, très peu d'Enseignements du Bouddha ont été traduits dans des langues occidentales, et les traductions existantes mériteraient quasiment toutes d'être revues et corrigées.
En d'autres termes, j'aurais tendance à penser qu'il importe de faire évoluer notre compréhension de l'Enseignement, plutôt que l'Enseignement lui-même. :-)
Le fait que les Maîtres doivent transmettre les enseignements, mais ne sont pas supposés inventer, ne pose - à mon avis - aucun problème, car cela veut juste dire qu'ils doivent rester fidèles à l'Enseignement du Bouddha. Ils ont en revanche la latitude, et le devoir, de l'expliciter en des termes adaptés à leurs auditeurs et contemporains.
C'est pour cela qu'au fil des siècles, et aujourd'hui encore, de génération en génération, les Maîtres formulent de nouveaux commentaires.
Cf. le Sutra de la sagesse -> Abhisamayalamkara -> Lumière de la voie -> multiples lamrim.