jeudi 7 février 2008

Bonne Année bis

En ce jour de Losar (lo gsar), je présente à toutes et à tous mes voeux les meilleurs.

Puisse l'année du rat être propice à l'épanouissement du discernement, du bon sens, du respect d'autrui.

Nous célébrons donc le "Nouvel An tibétain" qui coïncide cette année avec le Nouvel An chinois : cela se produit une fois tous les trois ans. Les autres fois, l'écart varie entre deux et trois semaines.

En guise de "Nouvel An tibétain", il serait peut-être plus juste de parler du Nouvel An mongol : le calendrier ici utilisé est "relativement" récent (à peine quelques siècles) et date des dirigeants mongols, à l'époque où ils avaient la main mise sur l'empire chinois. Il est d'ailleurs manifestement d'influence chinoise.
Au Tibet (jusqu'en 1959 et encore aujourd'hui chez les exilés), il constitue le calendrier "officiel" du gouvernement, où le nouvel an est appelé de manière évocatrice le "Nouvel An du Roi" (rgyal po'i lo gsar).

Quid de la population ? Dans ce domaine également, dans l'immense Pays des Neiges, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on ne risquait pas l'ennui dû à l'uniformité. Et les fêtards pouvaient avoir jusqu'à 5 ou 6 occasions de réveillonner à la seule condition de se déplacer d'une région à l'autre.

Plusieurs dates de Nouvel An s'étalaient entre le 10ème mois et le 12ème mois du calendrier gouvernemental, plus (je crois) une ou deux au printemps !
Un grand nombre de Tibétains (toutes lignées confondues) avaient opté pour la date du Ganden Namchö (dGa' ldan lnga mchod), le 25ème jour du 10ème mois lunaire, qui - vous vous en souvenez - coïncide avec la commémoration du passage en nirvana de Je Tsongkhapa, le fondateur du monastère de Ganden et de l'école des gelugpa. Après l'implantation de cette tradition en Mongolie, les Mongols furent nombreux à emboîter le pas.

D'où l'un de ces amusants paradoxes qui font le charme de la petite histoire et le délice des amateurs : tandis que les notables tibétains et assimilés célèbrent l'an nouveau selon le système de datation des grands khan d'antan, le peuple mongol ne jure que par le Ganden Namchö, typiquement tibétain et fortement gelugpa !
Il en va ainsi de nos amis kalmouk installés en France depuis que leurs ancêtres ont fui la Révolution russe. C'est lors du Ganden Namchö qu'ils s'échangent les voeux usuels. Ils en profitent pour célébrer leur anniversaire collectif. Hop ! Tout le monde un an de plus. Y compris les nouveaux-nés de la veille qui ont deux ans en un rien de temps (un an à la naissance + un an au Nouvel An)...

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