Au sein des six (ou dix) paramita, la première à être citée est la générosité - gtong ba'i sems pa : "volition de donner".
N.B. Dans notre jargon technique, la volition est l'un des cinq facteurs mentaux qui participent nécessairement à toute activité mentale ; c'est elle qui donne en quelque sorte l'impulsion et oriente les autres facultés mentales vers l'objet perçu. Elle est mieux connue sous le nom de ... karma.
Or, dès lors qu'il y a esprit, cet esprit ne peut qu'être en train de fonctionner - plus ou moins énergiquement, il est vrai, mais peu importe. Ceci entraîne que le facteur mental de la volition, ou disons du karma, est constamment au travail en nous, jour et nuit, vingt quatre heures su vingt quatre. Mais il n'a pas constamment la même coloration.
Par lui-même, il est neutre, mais il peut prendre une connotation bonne ou mauvaise, non en fonction des objets envisagés, mais des autres facteurs mentaux qui l'accompagnent.
Ainsi la générosité est-elle définie comme "étant la volition de donner". Pas n'importe quoi, vous vous en doutez, puisque la générosité fait partie des états d'esprit bénéfiques.
A nouveau, problème de vocabulaire.
En tibétain, l'énoncé gtong ba'i sems pa ne semble pas particulièrement ambigu.
En français, c'est autre chose : si je ne m'abuse, dans notre belle langue, "donner" n'implique pas de "donner quelque de bon ou d'utile", ou de "donner avec bienveillance". Il nous est possible de donner avec colère, avec réticences, avec des idées derrière la tête, etc., tout comme nous pouvons donner des choses dont nous savons pertinemment qu'elles ne seront pas si bonnes que cela pour le destinataire. Tous cas de figure où il ne s'agit en aucun cas de "générosité".
La générosité ne consiste en effet pas en l'objet du don, même si elle l'inclut. Don matériel, don de l'amour, don de protection ou don du Dharma, elle est avant tout un état d'esprit ouvert et bienveillant, un élan à donner - pour faire plaisir, pour rendre service, etc.
Au fond, puisque la volition est continûment à l'oeuvre en nous, et si nous essayions de lui octroyer non moins continûment ce même aspect, de la générosité ? Ce n'est jamais qu'une question de motivation...
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