mercredi 21 juillet 2010

Métalangage et causes

Ah ! les conventions !

Quand jadis j'ai commencé à mettre le nez dans ds traités de philosophie bouddhistes, ma patience a été soumise à rude épreuve.
Déjà, en tibétain, ce n'est pas toujours limpide, limpide.
Mais en plus, quand on transpose dans une langue comme le français, qui est magnifique mais est soumise à une grammaire et une syntaxe assez contraignantes, ça devient assez stressant.

Tenez, comment interpréter l'affirmation que "phénomène composé (faisons simple), cause, condition, résultat" sont ... "synonymes" (don gcig, littéralement "même sens") ?

Un exemple sera sans doute plus clair qu'un semblant d'explication :
une Maman est un phénomène composé, car elle est née de causes et de conditions. Elle est donc aussi un résultat (de ses causes et conditions, notamment de ses parents). Mais elle est aussi une cause : elle est cause de son/ses enfant(s) - faute de quoi elle ne serait pas une Maman.

Prenons maintenant l'exemple des agrégats :
ils sont des phénomènes composés, nés de causes et conditions, notamment des agrégats qui les ont précédés. Ils sont donc par définition ds résultats. Mais ils sont aussi les causes d'agrégats qui vont leur succéder.

Par rapport aux agrégats consécutifs de même substance qu'eux, ils sont causes consubstantielles. Par rapport à d'autres agrégats, ils sont causes complétives.
Ainsi le facteur mental volition de l'instant "b" va-t-il servir de cause consubstantielle pour la volition de l'instant "c", etc. Il pourra en outre servir de causes complétives pour pas mal d'autres choses : une renaissance en tant que ceci ou cela, etc.
Prenons l'exemple de l'agrégat de la forme (le corps) de l'instant "d" : il est cause consubstantielle de l'agrégat de la forme de l'instant "e", etc., tout en servant de cause complétive pour les autres agrégats : la conscience a besoin d'un support ; certaines sensations sont physiques ; ce qui relève du toucher dépend du plan physique, etc.


Ceci dit, ce n'est pas parce que "phénomène composé", "cause" et "résultat" sont présentés comme "synonymes" qu'il faudrait en tirer des conclusions absurdes.
Un seul et même phénomène est certes de manière générale et cause et résultat. Mais en aucun cas, il ne pourrait être sa propre cause, ni son propre résultat.
Par ailleurs, une cause et son résultat ne sont jamais simultanés (quoi qu'en disent certains philosophes, par ex Vaibhashika).

2 commentaires:

  1. Magnifique !

    Voilà qui répond parfaitement à ma question du post : http://anecdotesbouddhistes.blogspot.com/2010_07_01_archive.html#1991471516314282323

    Consubstanciel / Complétif, très clair maintenant !

    RépondreSupprimer
  2. Le temps pourrait-il faire parti des exemples ?
    Le temps présent : phénomène composé
    Le temps passé et futur : phénomènes non composés
    Ainsi :
    Le passé = cause
    Le présent = condition …au sens d’état passager, impermanent… : ne peut être à la fois la cause (le passé) et le résultat (le futur).
    Le futur = résultat
    Les… passé, présent, futur ne sont pas synonymes et forment pourtant le temps
    Passé et futur n’étant pas simultanés

    Consubstantielle = de la même substance, nature.
    Ainsi, le corps (ou l’agrégat de la forme) serait consubstantiel à la « forme précédente », mais il ne pourrait être de la même substance que les quatre agrégats mentaux (puisqu’ils n’ont pas la même nature) ?

    RépondreSupprimer