Pour communiquer, nous sommes obligés d'utiliser ces conventions nominales (c'est le moins qu'on puisse dire) que sont les mots, et si nous ne nous mettons pas relativement d'accord sur le sens que nous leur accordons, bonjour les malentendus.
Par exemple, à propos des "perceptions" (shes pa), d'une manière générale, une perception est une "saisie" ('dzin pa), en ce sens qu'elle saisit, ou appréhende, ou encore voit son objet.
Cependant, souvent, par convention, on emploie le terme "saisie" à propos de perceptions fausses, c'est à dire de perceptions qui se trompent du tout au tout à propos de l'objet perçu par elles.
Un exemple "fameux" (est-ce là un terme idoine ?) est celui de la saisie du soi, sous-entendu un "soi" indépendant des agrégats.
Mais prenons un exemple plus simple, de n'importe quoi d'inexistant, comme l'eau d'un mirage.
A la source de cette perception, quelque chose existe, d'accord, mais ce n'est pas de l'eau.
Or, notre perception visuelle "voit" de l'eau, et la perception mentale qui la continue catalogue son objet comme étant de l'eau.
L'objet "eau" perçu par la perception en question existe-t-il ? Non.
Pourrait-on dire que l'objet, disons l'objet apparaissant, de la perception de l'eau du mirage est la lumière ? Non.
Cf. les définitions des "objets apparaissants (snang yul) et conçus (zhen yul) des perceptions"
Il suffit maintenant de faire le même raisonnement à propos de la saisie du soi.
Il n'est donc sans doute pas possible d'avancer que l'objet de la saisie du soi consiste en les agrégats.
L'objet de la saisie du soi est, ou plutôt serait le soi tel qu'il apparaît alors, c'est à dire quelque chose qui justement n'a aucun lien avec les agrégats.
En d'autres termes, le soi auquel il est fait allusion dans l'expression "saisie du soi" relève des "inexistants" (med pa). Tandis que les agrégats relèvent des existants composés.
La perception (shes pa), ainsi que la saisie (dzin pa), sont des perceptions, et ont chacune des définitions différentes, mais peuvent percevoir le même objet.
RépondreSupprimerLes objets apparaissants (snang yul), ainsi que les objets conçus (zhen yul)sont quant à eux, des objets des perceptions. Chacun des deux, pouvant appartenir au domaine de l'existant (yod pa), comme au domaine de l'inexistant (me pad).
Les cinq aggrégats pouvant être considérées comme existants, ils peuvent donc être en même temps perçus par les deux perceptions (shes pa), et (dzin pa).
Les objets apparaissants et conçus peuvent-ils appartenir au domaine de l'inexistant ?
RépondreSupprimerDans quel(s) traité(s) cela est-il exposé, s'il vous plaît ?
Je n'ai personnellement pas encore eu l'occasion de rencontrer une telle présentation. Mais ce que je sais de l'océan bouddhiste est à peine une minuscule goutte, et je vous suis reconnaissante de m'aider à élargir mon champ de connaissance.
Suivant l’enseignement donné par Rinpoché à partir du Soutra Prajnaparamita Hridaya, les objets conçu et apparaissant sont classés parmi les objets de perception (perçu par pramana) …la logique voudrait qu’un inexistant ne peut être perçu puisque qu’il n’existe pas, bien que son inexistence soit concevable.
RépondreSupprimerPar ailleurs,les objets mentaux(...immatériels) n'en sont pas moins existants.
Mais enfin… si nous saisissons un soi inexistant, …en quoi sommes nous existants à la réalité(en dehors de notre aspect conventionnel)?
Et si nous saisissons un soi qui n’existe pas réellement, n’est-ce donc pas parce que nous avons "cimenté" les agrégats (d'un bloc) avec les FP auquels nous nous identifions ?
Les objets que nos percevons par nos cinq sens, peuvent être soit classés parmi les objets apparaissants ( snang yul), ou parmi les objets conçus (zhen yul). Les objets (snang yul) tels qu'ils peuvent apparaitre à quelqu'un, peuvent être cités en exemple, un désert. Les objets conçus (zhen yul), sont tels qu'ils sont perçus par les perceptions que cette personne a de cet objet, c'est-à-dire le désert, l'exemple cité ci-dessus. Les objets (zhen yul) perçus par la personne elle-même, peut donc être d'une nature différente, de l'objet (snang yul), qu'elle a pu percevoir. Exemple d'un objet (snang yul), qui peut être perçu comme un objet (zhen yul): Un mirage dans un désert.
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