mercredi 8 décembre 2010

Des qualités et de l'interdépendance

Le bouddhisme ne cesse d'attirer l'attention sur les mécanismes de l'interdépendance.

Pour prendre l'exemple de la générosité, c'est une noble vertu, mais qui a bien souvent besoin du soutien de la patience, comme l'illustre cet exemple tiré de l'actualité :

Un patron trop social épinglé par l'UrssafLeMonde.fr

Ou encore, "l'enthousiasme" (?) du contrôleur aurait eu avantage à être marié à un peu plus de sagesse, de discernement.

12 commentaires:

  1. Certes, on est tous d'accord.
    Mais que peut faire le contrôleur lorsque ces missions (de contrôle) lui sont confiées par sa hiérarchie, son employeur ?
    Quelle attitude adopter s'il est vain de discuter avec son employeur pour le convaincre de faire autrement ?
    Mentir à sa hiérarchie, courir le risque ne pas obtempérer ou faire appliquer les règles de droit que l'on attend de lui ?
    Dilemme...
    Vos avis ?

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  2. Mon avis ?
    Que le samsara n'est pas un lieu de plaisir...

    Un contrôleur (un policier, un juge, un membre de jury, un directeur des ressources humaines, un arbitre, etc.) n'est pas libre, pas plus que quiconque.
    Et il a le devoir d'appliquer les règles. Des règles pas souvent si claires que ça, d'où des lectures et interprétations multiples et diverses, allant du plus souple au plus rigide.

    Sujet de philosophie :
    La loi est-elle juste ?

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  3. Sans trop entrer dans une discussion philosophique qui me dépasserait très vite, je me dis qu'il y a la loi et "l'esprit de la loi".
    La règle de payer des cotisations Ursaff est certes faite pour le bénéfice de la collectivité , mais en l'occurence il ne s'agissait pas d'une fraude (le mot est un peu fort ?) pour des motivations egoistes de l'employeur , mais la motivation était vraiment altruiste (je crois que Sa Sainteté le Dalai Lama recommande souvent d'examiner profondément la motivation d'une action , enfin je résume à ma façon, évidemment). Peut etre un peu simpliste comme réponse, j'en conviens, et le controleur qui a agit n'est pas forcément dans ce type de raisonnement, bien évidemment.
    Quand à l'attitude qu'il aurait du adopter, je me garderais bien de juger. Vous avez raison, il n'est pas libre, pas plus que quiconque, qu'aurais je fais si mon travail en dépendait ?... il faut bien y penser.
    Mais il est vrai que cela rend au moins triste sinon amer, ou autres émotions négatives, de voir "sanctionnée" une action qui va jusqu'à permettre à des personnes de ne pas se trouver à la rue.
    En effet, voilà comment aussi parfois d'une manière insidieuse, le filet du Samsara reserre toujours ses liens, c'est vrai , ce n'est vraiment pas un "lieu" de plaisir et o combien il convient d'en prendre toujours un peu plus conscience et générer toujours un peu plus la volonté d'en sortir , ainsi que tous les êtres sensibles.
    Meme des actions à base de motivation altruiste peuvent s'y retourner contre nous.
    Maintenant, faut-il attendre quelquechose en retour d'actions altruistes? Il me semble avoir compris (... intellectuellement, car quand à l'appliquer... c'est une autre histoire) que la "vraie générosité" ne devrait pas être motivée ou soutenue par un espoir de rétribution pour soi, ou au moins de savoir s'armer de patience...

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  4. Curieuse monnaie, où prêter de l'argent sans intérêt serait permis aux Banques (cf O% aux USA, 1% en Europe) mais pas aux individus...

    Seraient-ce les concepts qui primeraient sur les êtres dans l'établissement des règles sociales, "mandala" collectif du vivre ensemble ?

    Les règles collectives sont faites pour être abandonnées, tout comme un mandala est soufflé après avoir été créé, afin d'en établir de nouvelles.

    Il faut donc changer les règles inhérentes à la monnaie, pour passer à une monnaie équanime, et non plus une monnaie égo-centrée : http://www.creationmonetaire.info/2010/11/theorie-relative-de-la-monnaie-10.html

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  5. « Lutter dans l'intérêt du peuple consiste aussi à combattre l'erreur manifestée sous forme de loi injuste.

    Le criminel enfreint les lois subrepticement et tâche de se soustraire au châtiment ; tout autrement agit celui qui résiste civilement. Il se montre toujours respectueux des lois de l'état auxquelles il appartient, non par craintes des sanctions, mais parce qu'il considère ces lois comme nécessaires au bien de la société.

    Seulement, en certaines circonstances, assez rares, la loi est si injuste qu'obéir semblerait un déshonneur. Alors, ouvertement et civilement, il viole la loi et subit avec calme la peine encourue pour cette infraction. »

    Mohandas Karamchand Gandhi Young India, 5 novembre 1919

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  6. Merci à tous pour vos remarques.
    Effectivement, il y a tout lieu d'examiner avec la plus grande attention, et peut être plus encore dans un tel cas de figure, la motivation qui sous-tend l'action, l'action mentale étant de loin celle qui est la plus importante, celle qui produit les effets les plus vastes.
    Contrôler ce chef d'entreprise avec l'intention de lui "casser les reins" et s'en réjouir n'aura pas les mêmes effets que d'intervenir avec regret (parce qu'imposé par la hiérarchie) et le souhait qu'au bout du compte tout s'arrange pour lui. Mieux, si l'on est bouddhiste, faire des prières pour le pauvre homme et pour tous ceux qui vivent une situation similaire.
    A propos de la réflexion menée par Stéphane sur un changement de monnaie plus équanime, cela me rappelle un excellent reportage diffusé cet été en juillet dernier par l'équipe "Faut pas rêver", sur la banque du temps instaurée au Chili. L'argent papier est en fait remplacé par le temps que l'on est prêt à consacré à autrui en contrepartie d'une prestation qui a été réalisée en notre faveur par cette même personne. Par ex, un médecin qui va chez le coiffeur : le médecin ne paie rien mais il reste redevable à l'égard du coiffeur, du temps qu'aura passé ce dernier pour réaliser sa coupe de cheveux et son shampoing. Le moment venu, ce temps devra lui être remboursé par le biais notamment d'une consultation médicale (puisque c'est le travail du médecin) qui sera grosso modo de même durée que la coupe de cheveux. Tu me donnes du temps, je t'en redonnerai plus tard. Le seul papier qui circule entre eux est un chèque sur lequel est inscrit le temps effectué et dont est redevable l'un des deux. J'ai trouvé la démarche vraiment excellente !

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  7. Il y a encore une autre "piste", car
    après tout, nous n'avons aucune idée de qui sont vraiment nos deux "héros" - l'entrepreneur et le contrôleur.

    Imaginons que le contrôleur soit un bodhisattva, qui ait agi de cette manière :
    - pour faire connaître l'altruiseme de l'entrepreneur : sinon nous n'aurions jamais entendu parler de ce Monsieur. Avec un peu de chance, il va faire des émules.

    - pour mettre en évidence quelques absurdités du systèmes ;

    - pour ... nous donner une occasion de réfléchir, etc.


    D'accord, c'est un peu tiré par les cheveux, mais après tout, comment savoir ?

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  8. Oui, tout à fait Chère Marie-Stella, les bouddhas et bodhisattvas sont si habiles que tout est effectivement possible. Cette "théorie" à laquelle je souscris facilement peut, lorsque l'on y pense, nous éviter de juger l'autre trop facilement. Si la situation éveille en nous de bons sentiments, alors après tout c'est gagné !

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  9. Ce guide spirituel préconisait : « nous devons être le changement que nous voulons voir dans le monde ». Il est connu et appelé en Inde et dans le monde comme Mahatma (du sanskrit, Mahatma : grande âme).

    Ainsi, si nous n’incarnons pas nous même le changement que nous voudrions voir, pourrions nous le réclamer de « l’autre » ou de la société ?

    Toute sa vie, le …Mahatma Gandhi réfuta de se reconnaitre comme « une grande âme »

    ...D’accord, nous ne sommes pas bodhisattva, mais l’illustre guide non plus ne se reconnaissait pas comme « une grande âme ».

    Ainsi, il semble nous dire « le chemin et le but » sont indissociables, … « le chemin est le but » (vice versa)

    si nous attendons d’être arrivé pour faire...
    …comment arriverions nous ?

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  10. Merci pour tous ces éclairages différents,

    Vos réflexions me remttent à l'esprit des textes , je me permets de les citer, avec le seul souhait de les partager pour qu'ils profitent à tous les êtres:

    Le "Sutra du don de la loi", extraits :

    "Il n'y a absolument aucun empêchement à pratiquer la Voie en restant dans le monde : voir constamment ses propres manquements est être en accord avec la Voie.
    " ....Chaque genre d'être a sa propre Voie. Adhérez à la Voie, ne la cherchez pas. Chercher la Voie, c'est ne pas la voir ! Croire avoir atteint le sommet, c'est retomber dans les passions ! Si vous voulez voir la Voie réelle, pratiquez le Juste Sentier, c'est la Voie...."

    Ou encore "La roue des armes tranchantes qui frappent au coeur de l'ennemi" , extraits:

    "Quand les Paons vont et viennent dans des fourrés d'arbustes vénéneux, ils n'éprouvent aucun interêt même pour un jardin médicinal; ils se sustentent de l'élixir de virulents poisons

    De même quand les héros pénètrent dans la jungle du Samsara, même s'il s'y trouve de magnifiques parcs d'agréments, ils ne se sentent pas attirés ; les Boddhisattvas vivent dans les forêts de douleur
    .../...
    Ainsi les Boddhisattvas, tels les paons, transforment-ils en élixir les Kléshas, comparables aux fourrés d'arbustes vénéneux et ils s'engagent dans la jungle du Samsara. Du fait qu'ils l'assument, ils neutralisent le poison ..."

    Merci encore à tous.

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  11. Erratum :
    Il s'agit plus précisément de ce que j'ai pu lire
    du "Soutra de l'estrade du Don de la loi"
    ...Avec mes excuses.

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  12. "On est complice des injustices lorsque l'on ne les dénonce pas" Thoreau

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