Une belle qualité, l'équité, mais pas si facile que ça à mettre en oeuvre.
A l'adresse de ceux qui ont étudié "le mental et les facteurs mentaux", par ex selon l'Abhisamayalamkara d'Asanga, selon vous, quels sont les facteurs mentaux qui devraient ou pourraient permettre de faire preuve d'équité ?
je dirais, sans relire le texte d'Asanga, la non irritation, le non attachement, la non ignorance ainsi que la mémoire et la vigilance...
RépondreSupprimerla sagesse et la non-méchanceté ?
RépondreSupprimeren relisant le texte, j'ai vu que l'équanimité repose sur le non attachement, la non aversion, la non ignorance et l'enthousiasme.
RépondreSupprimerPour toi Marie-Stella,
RépondreSupprimer"équité" est synonyme de "équanimité" ?
Car j'ai un petit doute sur ce point là.
Merci !
Bonjour,
RépondreSupprimersans connaître la réponse , si équité = équanimité, et bien que n'ayant pas étudié de très près les facteurs mentaux, je tente une réponse , (aussi un peu soufflée par les précédentes )je dirais la non ignorance et la concentration, entretenant la vigilance et la mémoire qui maintiendraient un non attachement et une non aversion ?
Voici une définition selon le site "BRISES"
RépondreSupprimerhttp://www.brises.org/notion.php/equite/egalite/merite/justice-sociale/discrimination-positive/notId/61/notBranch/61/
Je trouve aussi que cela se rapproche de
l'équanimité "égalité" d'esprit vis a vis de tous les êtres donc le même amour, la même compassion mêmes droits etc.
Amitiés
équité:
Cette notion est une notion complementaire du programme officiel de terminale ES.
Lexique 2[0]
L'équité renvoie à l'idée de justice : il faut juger et traiter de manière égale des situations identiques mais accorder des droits spécifiques aux groupes sociaux dont la situation est jugée désavantageuse. C'est une égalité proportionnée à la situation des individus.
Définition 0[1]
La notion d'équité est souvent associée à l'analyse de J. Rawls et à son ouvrage Theory of justice paru en 1971. L'équité renvoie alors à l'addition de trois principes enchainés :
•un principe d'égale liberté : toute personne a un droit égal aux libertés fondamentales, pourvu que cela soit compatible avec la liberté de tous. Cela signifie que chacun aura les mêmes droits et devoirs de base. Chacun souhaite les mêmes droits fondamentaux : liberté de circulation, d'expression, de réunion, de propriété etc. Ces libertés de base ne peuvent être limitées.
•un principe d'égalité des chances : les personnes ayant le même talent doivent avoir la possibilité d'accéder à des positions sociales identiques. Quelle que soit l'origine sociale, géographique ou le sexe d'un individu, la société doit lui garantir la possibilité d'accéder aux statuts de son choix (ce qui ne veut pas dire que tout le monde y accèdera).
•un principe de différence : les membres les moins avantagés de la société peuvent être traités différemment, à partir du moment où cela reste à leur bénéfice et au bénéfice de la collectivité toute entière. C'est ce principe qui permet d'associer la notion d'équité aux politiques d'interventions économiques et sociales comme les politiques de discrimination positive*.
Cher Ivan, il me semble qu'il y des nuances entre l'équité et l'équanimité.
RépondreSupprimerL'équité ne fait pas partie de la liste des facteurs mentaux proposée par Asanga. Mais elle est sans doute un état d'esprit vertueux ?
Entre autres questions, l'équité peut-elle être une perception sensorielle ?
A prendre aussi en compte :
RépondreSupprimerle bouddhisme, à ce que j'ai appris, prend en compte trois sortes d'équanimité...
ce qui ne simplifie pas notre histoire !
Merci à Nora pour ces définitions de l'équité, qui nous montrent un champs plutôt étendu...
Pour faire preuve de la meilleure équité possible (suivant ce que nous en dit Nora),
RépondreSupprimerje pense que l'on a intérêt à avoir un maximum de sagesse, de non-attachement, de non-aversion, de non-ignorance,
et j'ajouterai bien une bonne dose d'enthousiasme, de respect d'autrui, de respect de soi-même, et forcement un peu de foi et de non-méchanceté...
Chers Amis,
RépondreSupprimerVous avez bien compris que je n'ai pas plus "la" solution que vous, puisque je suis partie d'un terme français qui n'a pas d'équivalent exact en tibétain.
Dans l'hypothèse où l'équité ne coïncide pas avec un facteur mental précis, selon la coutume, elle ne peut qu'être un mental principal.
Sûrement pas une conscience sensorielle.
Il s'agirait donc sans doute de la conscience mentale.
Celle-ci doit par définition être aidée d'un certain nombre de facteurs mentaux :
- obligatoirement les 5 facteurs omniprésents ;
- vu la teneur de l'état d'esprit concerné, on peut admettre qu'il est plutôt vertueux.
Donc, participation obligatoire des 3 racines vertueuses.
+ respect de soi et du respect d'autrui ?
+ sans doute non méchanceté ?
+ plusieurs autres le cas échéant ?
La participation de quelques facteurs déterminants est aussi probable, du style sagesse, etc.
Bonjour Marie-Stella
RépondreSupprimerJ'aimerais que ce problème soit abordé :
Un Boddhisattva très avancé (un arhat ?) réalise la vacuité. Il perçoit très clairement que son propre esprit est vacuité, au bout de son chemin de transformation...
Pour autant est-ce "une vacuité" ou "la vacuité" ? S'agit-il de "lui" qui réalise cette vacuité, "fruit" de "ce chemin", et donc qui perçoit "une" causalité, ou bien est-ce "la" réalisation indépendant de "ce chemin" ?
Si c'est "une" vacuité, "une" réalisation, le fruit de "ce" chemin, alors je je perçois pas comment cette vacuité là, interdépendante, pourrait-être immuable... N'est-elle pas soumise à l'interdépendance, donc instable ?
Il me semble qu'alors "revenir" soit toujours un passage forcé, qu'on ne peut pas "rester", et qu'on ne "choisit pas" non plus de revenir.
Où est alors la libération ?
Comment résoudre ce problème ?
Bonsoir Stéphane,
RépondreSupprimerBien que n'étant pas spécialiste de la vacuité, j'ai cru comprendre que formulation "l'esprit est vacuité" est source de malentendus.
Car l'esprit est esprit. Il ne peut en aucun cas être vacuité. Mais il est soumis à la vacuité, comme n'importe quel autre existant, en ce sens qu'il n'existe pas d'une manière autogène.
Il est "vide de nature propre". Ce caractère de vide, cette vacuité, se vérifie de manière identique à tout moment de l'existence du phénomène auquel elle se rapporte.
N'oublions pas en effet que la vacuité n'a pas non plus de nature propre. Elle est par définition relative à quelque chose, ce quelque chose pouvant être la vacuité d'un quelconque autre objet.
Suite :
RépondreSupprimerla vacuité n'est en aucun cas le fruit d'un chemin.
Elle est simplement la nature des choses, qui sont dénuées d'existence en soi.
Ne pas confondre la vacuité et "la réalisation de la vacuité", au sens de "compréhension de la vacuité".
Il ne faut pas faire d'amalgame entre le sujet et l'objet.
Oui tout à fait je ne fais pas d'amalgame, j'ai utilisé des expressions condensée.
RépondreSupprimerIl s'agit bien de ce problème. Ayant réalisé (compris) la vacuité de son esprit (son absence d'existence autonome) ce Boddhisattva, en perçoit la causalité, il le voit comme résultat d'une certaine causalité, et cette réalisation comme un "fruit".
Le problème étant que cette vision étant un "fruit", un résultat, elle est elle même vide d'existence propre, soumise à la vacuité.
Comment donc peut-elle être stable ? Comment peut-il "ne pas revenir" alors que cette réalisation là est parfaitement vide d'existence propre ? Comment peut-il, étant toujours soumis à l'interdépendance, être sûr de "ne pas revenir", "ne pas retomber" ?
D'où l'intérêt d'étudier des sujets tels que "les terres et les chemins", ou encore "étude, réflexion, méditation". Plus généralement, paramita et pramana.
RépondreSupprimerDésolée, je ne suis pas capable de résumer de tels sujets en quelques lignes.
L'idée générale est qu'au fur et à mesure que l'on progresse, l'ignorance diminue, jusqu'à un jour disparaître - ce qui met à l'abri de rechutes fâcheuses.
Le sujet n'est pas simple.
Il existe donc bien des points de vue sur la question:
si les bouddhistes admettent la possibilité de se libérer définitivement du samsara, certaines branches hindouistes affirment le contraire, car elles estiment que les libérations sont instables.
Si je puis me permettre, peut-être que le questionnement de Stéphane peut se résumer en :
RépondreSupprimer"Qu'est-ce qu'une réalisation définitive ?
Cette réalisation est-elle un phénomène permanent ?
Cher Ivan,
RépondreSupprimerCe n'est pas parce qu'une réalisation est "irréversible" qu'elle en devient "permanente" au sens bouddhiste du terme.
Toute réalisation,en tant que phénomène composé né de causes et de conditions, est par définition un phénomène impermanent.
Bien qu'impermanente, elle peut être désormais "stable" au sens de ne plus jamais risquer de s'altérer.
La notion d'irréversibilité est géniale ! Elle pourrait donner la bonne réponse.
RépondreSupprimerPar exemple on étudie la fusion nucléaire c'est une réaction irréversible. A partir de plusieurs atomes légers on crée un atome plus lourd et de l'énergie qui se dissipe.
Il y a par contre des phénomènes réversibles. Un caillou posé sur terre, envoyé à quelques mètres plus haut, retombe et se retrouve peu ou prou au même endroit...
Qu'est-ce qui dans la Voie, assurerait l'irréversibilité du processus ?
Comme quoi c'est souvent une question de vocabulaire, et de définitions !
RépondreSupprimer"Qu'est-ce qui dans la Voie, assurerait l'irréversibilité du processus ?"
L'élimination des "voiles", notamment de l'ignorance (également appelée "obscurité mentale" : obstacle "accidentel", non inhérent à la nature de l'esprit).
"L'élimination des "voiles", notamment de l'ignorance (également appelée "obscurité mentale" : obstacle "accidentel", non inhérent à la nature de l'esprit)."
RépondreSupprimerIl y a alors deux problèmes qui me semblent fondamentaux à ce sujet :
1) L'élimination de l'ignorance ne semble pas irréversible, si je pense aux amnésiques, à la perte de la mémoire. On le constate tous les jours, ce qu'on croyait acquis s'érode avec le temps, voire est oublié.
Ainsi nous aurions pu éliminer ces voiles dans le passé, puis ils seraient revenus.
La mémoire étant un phénomène composé, elle a une fin, elle n'est pas stable.
2) Si l'ignorance n'a pas de commencement, alors elle est permanente, car sinon elle aurait eu une naissance, elle serait née de causes et de conditions. Dans ce cas comment la réalisation ferait-elle disparaître ce qui a toujours été là ?
3) De plus si elle était née, et que c'était un "obstacle accidentel", alors nous aurions bien été sans ignorance tout d'abord, puis soumis à elle. Ce qui conforterait l'idée selon laquelle l'oubli serait la cause de la réversibilité du processus.
Le problème n'a-t-il alors pas la solution ailleurs ? Par exemple dans le fait que le "Je" qui a réalisé, n'est pas le "Je" qui a poursuivi le chemin ?
Dans ce cas ce ne serait pas une "réalisation" mais une "jonction" entre le cheminement d'un "Je" conditionné, qui rencontre un "Je" non conditionné, de façon parfaite et compatible grâce à la Voie, et lors de cette jonction c'est l'ancien "Je" qui est délaissé, qui meurt, et ne renaîtra plus.
Tant que l'on ne s'entendra pas sur les conventions utilisées, en l'occurrence les valeurs accordées aux mots, à commencer par "permanent" / "impermanent", on n'avancera pas.
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimeren suivant vos échanges, si je puis me permettre de vous soumettre mes réflexions, et sans préjuger de vos réponses.
"Qu'est-ce qui dans la Voie, assurerait l'irréversibilité du processus ?"
L'élimination des "voiles", notamment de l'ignorance (également appelée "obscurité mentale" : obstacle "accidentel", non inhérent à la nature de l'esprit).
Ce que je comprends de la notion d'élimination des voiles est que de la même façon que l'esprit (ou le courant de conscience individuel) "endormi" n'est pas différent de l'esprit à l'état de veille dans la journée, après "l'Eveil" le courant de conscience reste le même.
Donc il ne s'agit pas d'un "je" différent qui a été créé, mais bien d'une réalisation que ce "je" n'a pas d'existence intrinsèque, ce qui a "simplement dissous" ce "je", mais n'empêche pas le courant de conscience d'exister encore bel et bien.
Grâce aux causes appropriées(mises en oeuvre progressivement pendant un nombre incommensurable d'existences ) , tous les éléments (facteurs mentaux perturbateurs) qui maintenaient le courant de conscience à l'état "non éveillé", ont été éliminés, et la perception erronée d'un "soi" a disparue.
Peut-être pour comprendre que c'est irréversible , peut-on s'appuyer sur la notion des 12 liens interdépendants qui créent le cycle des existences conditionnées?
L'élimination des voiles , et donc des facteurs perturbateurs amène l'absence d'ignorance , ce qui n'entraine plus de Kharma, etc.
Il y a donc "Eveil" et sortie du cycle des existences CONDITIONNEES, les causes qui auraient pu permettre le retour de l'état "non éveillé", ne pouvant alors plus se produire.
Si les voiles reviennent, alors il n'y avait pas "Eveil" , car il n'y avait pas suppression de la chaine des 12 liens.
En résumé "l'éveil" consisterait à "réaliser" ce qui a été toujours là, en éliminant "l'ignorance" à partir de là , le courant de conscience ne génère plus des causes du "non éveil".
Autre façon de voir :
""""
Le problème étant que cette vision étant un "fruit", un résultat, elle est elle même vide d'existence propre, soumise à la vacuité.
Comment donc peut-elle être stable ? Comment peut-il "ne pas revenir" alors que cette réalisation là est parfaitement vide d'existence propre ? Comment peut-il, étant toujours soumis à l'interdépendance, être sûr de "ne pas revenir", "ne pas retomber" ?
Il me semble que en effet, si la vision directe de la vacuité est vide d'existence propre, selon les critères de la "Réalité relative", un être qui "voit" la vacuité directement n'entre plus dans le cycle des existence, il ne génère plus de kharma et donc il passe dans le domaine de la "Réalité absolue".
Tout cela est concept, et bien que les quatre Nobles Vérités existent bel et bien, il est aussi dit que la libération est au delà des concepts.
Je m'arrête là , ne pouvant exposer ces notions pour ma part. C'est plus ou moins ce que je comprends.
Qu'en pensez vous ? mes excuses si toute cette approche vous parait confuse.
Désolé, Marie-Stella, je n'avais pas vu votre commentaire avant de valider le mien.
RépondreSupprimerJe comprends, en effet je ne me sens pas au clair déjà simplement avec ces notions de "Permanent" et "Impermanent".
Une question : le fait tout soit soumis à la vacuité , tout est interdépendant et rien n'a d'existence intrinsèque participe bien de la "Vérité relative" , la "Vérité absolue" étant au delà même de la vacuité ou interdépendance ?
Ou ai-je tout faux ?
Merci par avance.
Cher Bruno, Merci de vos commentaires, qui sont tout à fait conformes à la vision bouddhiste des choses.
RépondreSupprimerJe suis d'accord avec à peu près tout que vous avez développé dans vos deux articles, sauf à propos de "la vérité absolue".
Le terme "absolu" pouvant induire des connotations gênantes, je préfère parler de "vérité ultime".
Peu importe le choix des mots en traduction.
L'important est que le plan auquel ces expressions font référence, selon le système madhyamika prasangika, n'est en rien au delà de la vacuité ou de l'interdépendance.
Selon les prasangika tout existant, permanent comme impermanent, est soumis à l'interdépendance, puisque même un existant permament, tel que la vacuité, cad telle que la vérité ultime, dépend du sujet qui l'appréhende, de la dénomination qui lui est appliquée et de sa base de référence.
Et comme tout existant, y compris la vacuité, existe en dépendance, il est donc vide de nature propre, et il est donc soumis à la vacuité.
D'accord, merci beaucoup pour vos réponses.
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