En réponse à M. qui me demande ce que, dans le bouddhisme, on entend par "schisme", rappelons d'abord que susciter un schisme au sein du Sangha (dge 'dun gyi dbyen byed pa) fait partie des cinq actes non vertueux les plus graves qui soient (mtshams med lnga)*.
Le Sangha ici concerné est le Sangha conventionnel (qui est également objet de refuge), c'est-à-dire un groupe comportant au minimum quatre bhikshu - moines ayant reçu l'ordination supérieure.
En clair, si on provoque une dispute entre trois religieux ou au sein d'un groupe de x personnes parmi lesquelles ne figurent pas au moins quatre bhikshu, il y a certes karma non vertueux et peut-être séparation, mais pas schisme.
Si j'ai bien compris ce que j'en ai entendu dire, entre autres effets secondaires, il devient impossible à quiconque d'obtenir la moindre réalisation spirituelle en un lieu où s'est produit un schisme, et qui est de ce fait qualifié en tibétain de "lieu grillé" (ou carbonisé), en tout cas rendu stérile.
Tout le contraire d'un lieu de pèlerinage, en somme.
Seul remède au cas où : des pratiques de purification bien spécifiques, et pas à la portée du commun des mortels.
* Les 4 autres consistent à - tuer sa mère ; - tuer son père ; - tuer un arhat ; - faire couler le sang d'un Bouddha avec un état d'esprit malveillant.
J'avoue que ce n'est pas encore très clair pour moi.
RépondreSupprimerTout d'abord, si bien compris, celui qui suscite le schisme au sein du sangha n'est pas forcement, lui, un bkikshu. Mais il peut l'être.
Ensuite, à quel moment peut on vraiment parler de schisme ? Après avoir provoqué la dispute il faut qu'au moins un des moines quitte la congrégation monastique (même si il ne rend pas ses voeux) ?
Le schisme, c'est donc quand il y a séparation effective ?
Mais alors, ceux qui restent, ils se retrouvent dans un lieu "grillé" ?
Avant, je ne pensais pas que l'on pouvait parler de schisme dans un tel contexte.
En tout cas c'est un point à bien connaître pour les futurs sangha monastiques (ou déjà implantés).
Merci d'avance.
N'exagérons pas :
RépondreSupprimerUne personne qui décide de quitter un groupe ne suscite pas de schisme pour autant.
Même si elle est en conflit avec le groupe dont elle s'éloigne.Même si elle part avec quelques compagnons.
Un schisme suppose, entre autres critères, que se constituent deux groupes distincts (donc, au moins 2x4), se réclamant désormais d'autorités distinctes.
Par exemple, quand autrefois des moines de Drepoung Gomang ont quitté, mécontents, ce collège et ont fondé le collège de Sera Je, il y a eu "dissidence" (Je "byes" signifié littéralement "séparer"), mais en aucun cas schisme.
Idem quand le fondateur de Gyutö Datsang a quitté le collège de Gyudmed Datsang avec quelques disciples pour établir un nouveau monastère, parce qu'il n'avait pas apprécié de ne pas avoir été nommé abbé de Gyudmed.
Non seulement ce n'était pas un schisme, mais ça a été très utile.
Rapporté à notre contexte, imaginons que le membre d'un centre X le quitte (seul ou avec des amis) et crée ailleurs un centre y, eh bien, ce n'est pas un schisme.
Heureusement parce que ça arrive bien souvent.