mercredi 30 janvier 2008

Le Dharma ? Pas si facile !

Quand et comment débute la pratique du Dharma ?
La question a souvent été posée et débattue, et les réponses apportées peuvent varier, ne serait-ce que pour des raisons pédagogiques - les Maîtres se faisant un devoir d'adapter leurs explications à leurs interlocuteurs.

Cependant, de très grands Maîtres s'accordent à dire que la pratique commence quand on dépasse l'intérêt exclusif pour la vie présente.
"Défais-toi de tout attachement pour cette vie !", conseille Dromtöpa / Tshe 'di blos thongs. A l'unisson, les hiérarques sakyapa enseignent le "rejet des quatre attachements" (zhen pa bzhi brel) dont le premier énoncé (sévère) n'est autre que tshe 'di la zhen na chos pa min - "Qui demeure attaché à cette vie n'est point un pratiquant."

Un tel critère pose question à celui, ou à celle, qui (comme moi) se voudrait bouddhiste...
Cela suppose-t-il de ne plus du tout se soucier des contingences de cette vie - manger, boire, dormir, etc. ?

Non. Car le bouddhisme est une voie on ne peut plus réaliste. Il constate que la condition humaine est plus favorable que d'autres types de naissance, animales par exemple, et prône donc d'en prendre soin. Pour pouvoir en tirer parti le plus longtemps possible, en vue de prendre la maîtrise de soi et d'atteindre l'éveil.

Non, ce que récuse le bouddhisme, c'est l'attachement, et non l'objet de l'attachement. Ici la vie présente, mais c'est tout aussi vrai pour n'importe quoi d'autre : une personne, l'argent, le pouvoir, etc.

Maintenant, il nous reste à effectuer un petit examen de conscience pour vérifier où nous en sommes.

Par exemple, moi, je me sens terriblement concernée quand je lis et relis un texte percutant du 4ème Panchen Lama, Jetsun Losang Chökyi Gyaltsen (1570-1662) intitulé en tibétain Nang gi khong skran 'don pa'i skyug sman, "Vomitif pour extirper mes tumeurs internes".
Pour donner un exemple du style, voici une des stances qui traitent de notre sujet :

"Alors que bien des années se sont écoulées depuis que je me suis engagé dans la pratique du Dharma,
Je n'ai toujours pas extirpé du fond de moi-même la tumeur de l'attachement à cette vie ;
Tel le sac en peau contenant le beurre ou la pierre dans l'eau,
Mon esprit demeure toujours aussi sec. Et j'en suis plein de remords.
Veuillez me regarder avec compassion, moi dont l'esprit n'est en rien touché par le Dharma.
Veuillez m'accorder votre bénédiction pour qu'enfin je rejette tout attrait pour cette vie."

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