vendredi 18 janvier 2008

Les apparences encore et toujours trompeuses

Encore une petite histoire de Takgo Rabjampa qui, sous ses dehors facétieux, était non seulement un érudit mais aussi un pratiquant plein de foi.

Tenez ! Ce jour-là, juste avant la réunion du conseil avec tous les nobles et autres dignitaires, Takgo Rabjampa vient saluer le Grand Cinquième et lui fait la requête d'un "support de foi" (dad pa'i rten). Il souhaite une chaussure usagée de son Maître, qu'il conservera précieusement comme la relique qu'elle est. Le Dalaï lama agrée à sa demande et lui remet une vieille botte.

Les pièces étant en enfilade, quand Takgo Rabjampa sort muni de son trophée, il ne peut que traverser la grande salle où sont déjà réunis les notables. Ceux-ci sont scandalisés : l'air dégoûté, et la main gauche plaquée sur le nez, Takgo Rabjampa traîne derrière lui la botte, qu'il tient à bout de bras. Comme s'il s'agissait d'un objet particulièrement malodorant.

Les dignitaires se hâtent de le dénoncer : "Vous savez ce qu'il a fait de votre botte ? Il ne faut pas lui remettre des objets aussi précieux. Il ne les mérite pas. Il n'a aucun respect !
- En êtes-vous sûrs ? rétorque le Grand Cinquième. A votre place, je vérifierais avant d'accuser."

Ils envoient donc un de leurs espion.
Le rapport est accablant (pour eux) : Takgo Rabjampa a intallé la botte en place d'honneur dans sa chambre, juste au-dessus de sa tête. Et il manifeste la plus grande vénération pour la relique qu'il détient par la grâce de son Maître.

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