Le but de la pratique bouddhiste est sans doute de devenir "autonome et responsable" puisqu'elle concourt notamment à la libération voire à l'état de Bouddha.
Pourtant, elle nécessite de s'en remettre à un guide qualifié, ou à plusieurs, car même si le Boudha Shakyamouni est parvenu à découvrir par lui-même - au prix d'efforts acharnés et d'intenses ascèses - la Voie qu'il a ensuite enseignée 45 années durant, il semble impossible pour le commun des mortels de parvenir seuls à de tels résultats.
Et puis, pourquoi se compliquer la vie à vouloir "réinventer le fil à couper le beurre" ? Quand une méthode efficace existe et qu'on peut y avoir accès par le truchement d'un expert, à quoi bon s'y refuser ? Si on aime la difficulté, on sera de toute façon largement servi au moment de mettre en application la méthode en question...
Mais ne pourrait-on se contenter des livres, qui exposent clairement et détail la méthode issue du Bouddha. Non, ce ne serait pas suffisant, en tout cas si on aspire vraiment à des résultats élevés. La transmission ORALE est essentielle. C'est elle qui véhicule non seulement le sens mais aussi la bénédiction. Elle requiert donc une lignée ininterrompue depuis l'auteur - le Bouddha. Cela signifie que, quand une lignée de transmission (par exemple à propos d'une certaine instruction, ou d'un certain traité) est brisée, c'est irrémédiable. Il est impossible de la régénérer, à moins de pouvoir faire intervenir l'auteur en personne...
Du fait du rôle joué par le(s) Maître(s) qu'on s'est choisi(s), qui sont le(s) précieux guide(s) indispensables pour les aventuriers que sont les pratiquants du Dharma, qui envisagent de s'engager sur des sentes inconnues pour accéder à l'Eveil, il(s) mérite(nt) le plus grand respect, une infinie gratitude, et une obéissance sans faille.
Cela dit, le bouddhisme, qui est éminemment pragmatique, recommande la plus grande prudence : "Ne vous jetez pas sur le premier Maître venu, comme un chien se jette sur un morceau de viende !, est-il recommandé. Prenez le temps de collecter des renseignements et de vérifier par vous-même si celui que vous envisagez de suivre présente les qualités nécessaires. Ce n'est pas parce que quelqu'un est connu et qu'il occupe une position élevée dans la hiérarchie que pour autant 1. il est fiable et 2. qu'il vous convient, à vous."
Dans le bouddhisme, c'est le disciple qui choisit ses maîtres, librement. Mais une fois qu'il a établi une relation de ce genre, s'il change ensuite d'avis et se détourne de l'un d'entre eux, il commet une faute extrêmement grave.
Un "bon" disciple est-il censé désormais obéir aveuglément ?
Non. A part quelques cas exceptionnels, il doit continuer à faire preuve de discernement et d'esprit critique. Si l'un de ses maîtres lui intime de commettre un acte contraire à la morale, il peut, il doit se récuser. En présentant des excuses, et sans mépris ni révolte (Cf. jataka). Mais la vénération pour les maîtres n'a pas à se transformer en fanatisme et en culte de la personnalité. Disons que cela vaudrait mieux pour tout le monde...
Hélas ! La voie du milieu s'avère la plus difficile à suivre. Et les mauvais conseils sont plus séduisants que les bons : quand un guide prône l'amour et la compassion, ses élèves ne se précipitent pas toujours pour appliquer ses instructions. Mais à la moindre invite à tourmenter autrui et le persécuter, les candidats se bousculent... N'est-ce point la nature même du samsara ?
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