Merci, Monsieur Vié, vous qui, aux Langues' O, nous enseignâtes avec passion l'histoire et la petite histoire du Yamato, plus tard renommé Nihon, ou Nippon.
C'est vous qui m'avez apporté la clef de l'énigme - "moine ou pas moine" ? -, en nous racontant par le menu les tribulations de l'ère Meiji, qui s'étendit de 1868 à 1912.
Epoque cruciale, de transition entre le Japon féodal et le Japon moderne, hypermoderne,
quarante ans suffirent aux habitants de l'archipel pour rattraper leur "retard" sur l'Europe industrialisée.
Côté boudhisme, ça n'a pas été une période agréable, car persécution il y eut, il faut bien l'admettre.
Que voulez-vous ? Pour restaurer le régime impérial, validé par la religion indigène - le Shinto -, il était nécessaire, sinon d'éradiquer, au moins d'affaiblir les apports estrangers, dont le bouddhisme.
Plusieurs années durant, les interdictions succédèrent aux décrets et aux confiscations en tous genres.
Ainsi, le 25ème jour du 4ème mois de la (ème année de l'ère Meiji (vous aurez immédiatement compris que c'était en 1872), "autorisation" (obligation ?) fut donnée aux moines
- de manger de la viande ;
- de se marier,
- de conserver leur cheveux.
En termes moins nuancés, les moines durent revenir à l'état laïque.
Quand la situation s'apaisa et que la liberté de religion fut rendue, il n'était plus possible de revenir en arrière dans bien des domaines. Les lignées de transmission de voeux monastiques ayant été brisées, elles ne pouvaient être ressuscitées.
Entre temps, pour survivre, les bouddhistes japonais, ingénieux, avaient mis au point de nouveaux schémas, qui perdurent aujourd'hui.
Par exemple, en lieu et place de l'ordination monastique, ils célèbrent une cérémonie de production de l'esprit d'Eveil (sous forme d'aspiration, pas d'engagement), avec prise de préceptes.
Mais des moines et nonnes, au sens académique du terme et se conformant au Vinaya, non, il n'y en a plus dans les écoles japonaises depuis plus d'un siècle.
Sources : Mes vagues souvenirs des Langues' O et surtout le remarquable mémoire de DEA d'Antony Boussemart : Rupture ou continuité ? Le Kôyasan confronté aux mesures religieuses du gouvernement de Meuji entre 1868-1875 : une relecture de la politique de séparation du bouddhisme et du shintô.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire