mardi 15 juillet 2008

La sensation

Ah ! le vocabulaire.
Au risque de vous lasser, je répète que je le trouve souvent ambigu voire trompeur.
Je précise que ce n'est pas une critique, juste une constatation - une fois qu'on en a pris acte, on peut en jouer.

Pour en venir au vif du sujet, le bouddhisme observe que la sensation (tshor ba) figure en bonne place parmi les cinq facteurs mentaux dits "omniprésents", au sens qu'ils contribuent nécessairement à toute perception.
Ce qui revient à dire qu'il n'est pas un seul instant où nous n'ayons pas de sensations, lesquelles sont agréables, déagréables ou neutres. Point final. Il n'est pas d'autre type* de sensation.

Le problème pour nous, Français, est que notre langue nous amène à parler d'"une sensation" de chaud, ou de froid, etc. Transposé en vocabulaire bouddhique, on dirait plutôt "perception d'un toucher (ou contact) chaud ou froid".

Toujours est-il qu'Asanga définit la sensation comme expérimentation. De quoi ?
Des résultats à pleine maturité respectifs des karma vertueux, non vertueux et neutres.

Autrement dit, l'aspect agréable, ou désagréable, ou neutre, de telle ou telle de nos expériences ne doit rien aux objets qui, croyons-nous d'ordinaire, les suscitent.
Non, il procède de karma que nous avons nous-mêmes accomplis en des temps antérieurs et qui donnent des fruits maintenant sous la forme de nos sensations, que nous dénommons bonheurs et souffrances quand elles sont clairement connotées.

Quelqu'un nous lance un coup de pied dans les tibias et nous avons mal - sensation pénible ?
Prenons-nous-en à nous-mêmes !
Si en nous aucun mauvais karma n'était plus à l'oeuvre, nous n'aurions pas éprouvé la moindre douleur.

* Il est exact qu'on peut aussi diviser les sansations en physiques et mentales, mais les unes comme les autres ne peuvent qu'être des trois sortes indiquées.

1 commentaire:

  1. Le "prenons-en à nous mêmes",même si je suis d'accord sur le fond, présenté comme cela, ça me fait penser à l'horrible "c'est ton karma".
    Comme si celui qui donne le coup de pied n'y était vraiment pour rien.
    Car à la réflexion ne sommes nous pas parfois responsable en poussant l'autre à s'énerver, ou en attisant en lui l'attachement, de justement créer les conditions pour qu'arrive à pleine maturité certains des karmas non-vertueux de cette personne-victime ?
    à creuser la question un petit peu...

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