La notion de "démocratie" est sans doute occidentale, mais à mes oreilles, le bouddhisme a des consonnances agréablement démocratique. Le Vinaya - la loi monastique - en est une excellente illustration.
Pour prendre un exemple plus récent, on raconte que losque le prédécesseur de Rinpoche, Dagpo Lama Rinpoche Jampel Lhündrub, était invité dans un monastère, il avait soin d'instaurer une discipline rigoureuse et aussi d'inciter la communauté concernée à ne plus consommer de viande*. Mais sans rien imposer. En prenant le temps nécessaire pour parvenir à une adhésion consensuelle.
Ainsi, quand Dagpo Lama Rinpoche fut nommé abbé de Dagpo Datsang, de son ermitage isolé haut dans la montagne (à deux jours de marche du collège), il envoya aussitôt un message à l’intention de l'intendant, en lui demandant d’organiser un sondage d’opinion et d'inviter les moines à voter. Ceux qui voulaient continuer à manger de la viande devraient mettre un grain de blé ; ceux qui acceptaient un régime végétarien un grain d’orge, et les partisans d'un régime mixte (parfois carné, parfois végétarien) utiliseraient un grain de seigle.
Sept moines sur cinq cents environ votèrent pour le maintien de la viande au menu et le régime mixte remporta une ou deux voix. Le régime végétarien fut donc adopté à une large majorité, sans pourtant obligation de s'y soumettre. Il ne fallut guère de temps pour que tout le monde s'y ralliât, rapporte la biographie du Maître.
Sitôt qu'une communauté acceptait qu'en lieu et place de la viande, ce fut ésormais du beurre qui fût distribué aux moines, le Lama s'arrangeait pour fournir le financement aux intendants, pour couvrir la dépense.
* Le Vinaya n'interdit pas formellement la consommation de viande.
J'aime beaucoup beaucoup cette "histoire", elle est très riche d'enseignements et extrêmement utile et précieuse pour notre gestion quotidienne.
RépondreSupprimerMerci Marie-Stella.