Récemment, l'une de nos amies a soulevé une question de vocabulaire en demandant quelle était la nuance entre ce que, faute de termes plus satisfaisants, on peut momentanément rendre par "faute" (sdig pa), par rapport à "transgression".
De toute évidence, il existe une différence entre des comportements que tout le monde aurait en général intérêt à éviter parce qu'ils sont par nature mauvais et nuisibles (tuer, par exemple), et d'autres qui ne sont à rejeter que dans certains contextes, par exemple suite à la prise de voeux et engagements religieux. Pour prendre un exemple simple, si les religieux bouddhistes ne sont pas censés s'adonner à des danses ou des chants profanes, en soi ce sont là des activités qui n'ont vraiment rien de répréhensibles.
Un maître de chant du monastère tibétain de Gyudmed, Gen Loyang, aimait beaucoup les animaux, qui le lui rendaient bien. Les oiseaux n'hésitaient pas à venir picorer sur sa table, et les chiens errants des alentours savaient qu'ils pouvaient compter sur le contenu de ses poches, mine généreuse de bouts de pain ou autres.
Un jour, Gen Loyang aperçoit un moine du collège qui poursuit un chien efflanqué en lui jetant des pierres.
"Mais qu'est-ce que tu fais là ? Que t'a donc fait cette pauvre bête ?, s'interpose-t-il aussitôt.
- Cette pauvre bête ? Cette sale bête, oui. Ce fichu clebs m'a volé ma galette de pain !
- Volé ? Mais non, voyons. Il l'a pris, tout simplement. Un chien ne commet pas de transgression, sais-tu ? Mais toi, en le maltraitant, si..."
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