Le blog de MSB. Indications historiques, anecdotiques voire doctrinales sur le bouddhisme.
mercredi 23 avril 2008
Pabongka Rinpoche et son Maître
Dagpo Lama Rinpoche, considéré comme une émanation d'Avalokiteshvara par ses contemporains, était un moine très érudit, à l'éthique rigoureuse et aussi d'une grande sévérité. Ce qui ne l'empêchait nullement d'être également ... taquin, comme le révèle l'anecdote suivante.
C'est l'époque où Pabongka Rinpoche, son disciple principal (auquel les gelugpa d'aujourd'hui sont redevables de la quasi-totalité de leurs textes de prières), séjourne auprès du Maître en son ermitage de Pagtsang Ritrö, dans le Dagpo.
Comme à l'accoutumée, ils s'apprêtent à déjeuner ensemble et l'assistant apporte un plat local, un genre de soupe avec des choses indéfinissables (pour les non-initiés) surnageant à la surface - en fait, de petites boulettes aplaties, assez grasses et donc luisantes.
L'air impassible, l'Abbé raconte à son malheureux élève que, dans la région, la peau de lézard est un mets très prisé...
Le croirez-vous ? Ce midi-là, pris de nausées, Pabongka Rinpoche jeûna.
Dagpo Lama Rinpoche / 2
Pour résumer l'arbre généalogique, Dagpo Lama Rinpoche avait une soeur, qui mit au monde trois enfants, une fille et deux garçons.
Le fils aîné eut lui-même sept fils, dont l'un fut reconnu comme l'incarnation de son oncle après le décès de celui-ci en 1919. Mais ce jeune lama mourut très jeune, à 4 ans, emporté par la variole - comme tant d'autres Tibétains.
On rapporte que, très malade et à bout de forces, le petit garçon réclamait son jeune oncle, alors parti en voyage. Et il avait gardé trois abricots à son intention. Quand à peine rentré, le jeune homme se précipita au chevet de l'enfant, il reçut de lui les trois fruits, un en bon état et le deux autres pourris. Son neveu insista pour qu'il mange immédiatement l'abricot encore frais, et dès la dernière bouchée avalée, il poussa son dernier souffle.
Vous aurez compris que le fils cadet de la soeur de Dagpo Lama Rinpoche n'est autre que le père de Rinpoche, lui-même reconnu très vite comme la nouvelle incarnation de son cousin et de son grand-oncle.
Ceci dit, avant la reconnaissance officielle effectuée par le XIIIème Dalaï lama (également un parent par la branche maternelle), la liste comportait deux autres candidats, dont à nouveau un cousin de Rinpoche, Jampel Tenzin, mais qui lui aussi est mort très jeune.
Rinpoche nous a un jour dit qu'à son avis le XIIIème Dalaï-lama avait tout simplement choisi celui des trois candidats qui vivrait le plus longtemps, sans se préoccuper qu'il soit ou non la réincarnation de Dagpo Lama Rinpoche.
Dagpo Lama Rinpoche
Dagpo Lama Rinpoche Losang Jampel Lhündrup Gyatso, prédécesseur de Rinpoche, vécut de 1845 à 1919.
Son père, Trinley Söpa, descendait des grands Rois du Dharma au travers de l'un des princes qui s'étaient installés dans le Ngari, à l'ouest du pays. Il était lui-même un méditant assidu du lamrim, et transmit nombre d'instructions à son jeune fils, qui du reste les transcrivit plus tard dans un recueil et disait de son père qu'il était connu comme une émanation de Manjushri - le Bouddha qui symbolise la sagesse.
Du côté maternel, eh bien, la lignée remontait à cinq dakini associées au maître considré comme étant à l'origine de la danse sacrée intitulée me gar 'cham, qui était effectuée chaque année dans le plus grand monastère de la région - le Kongpo.
Kälsang Dölma était, raconte-t-on, une personne d'une extrême bonté. A 8 ans, lors d'une visite dans une nonnerie, alors que les moniales étaient en train d'accomplir une cérémonie, elle vit sur le trône ... Amitabha, le Bouddha de la longévité. Elle semblait d'ailleurs avoir encore d'autres facultés hors du commun, par exemple la réalisation de la marche rapide.
Un ou plusieurs Maîtres ?
Les deux, ai-je dit. Oui, mais pas dans un sens restrictif car, à en croire les biographies des maîtres indiens ou tibétains, en général eux-mêmes ont suivi non pas un, mais plusieurs maîtres, parfois en grand nombre.
Ainsi, le Grand Atisha Dipamkara Shrijnana aurait eu rien moins que 150 maîtres, ou au moins 142 selon certains traités. Notons que le principal était Serlingpa, prince de Sumatra (ou de Java), dépositaire attitré des lignées d'instructions permettant de réaliser l'esprit d'Eveil (bodhicitta) et donc de devenir bodhisattva.
Le principal disciple tibétain d'Atisha, Dromtönpa (fondateur de l'école Kadampa), ne suivit que trois Maîtres. Il expliqua que les pratiquants débutants - comme lui, ajoutait-il modestement - avait intérêt à ne pas trop se disperser car ils n'avaient pas encore les capacités de cultiver une foi et un respect égaux envers plusieurs maîtres qui leur sembleraient forcément très différents les uns des autres et dont ils ne pouvaient pas encore saisir l'unité foncière en tant qu'autant d'émanations de Bouddhas ayant revêtues de multiples formes complémentaires pour mieux les guider jusqu'à l'Eveil. En revanche, les personnages d'un haut niveau peuvent sans dommage avoir beaucoup de maîtres car la foi qu'ils ont pour les uns ne peut désormais que renforcer la foi qu'ils ont pour les autres, et réciproquement, car ils voient que tous partagent la même nature en dépit des apparences diverses.
lundi 21 avril 2008
A l'impossible, nul n'est tenu
La qualité centrale du mahâyâna est sans doute la grande compassion, c'est-à-dire une compassion qui porte impartialement sur tous les êtres souffrants.
Bodhisattva et "aspirants-bodhisattva" cultivent par définition l'altruisme, et souhaitent instamment venir en aide à autrui, le protéger de la souffrance et le mener au bonheur.
Les Bouddha sont des personnages qui, mûs par la compassion et l'altruisme, ont accompli sur eux-mêmes un travail qui leur a permis de se défaire de tous défauts et lacunes, et de porter à la plénitude les facultés dont tout un chacun est par ailleurs porteur.
Pourtant, le Bouddha Shakyamuni a bien spécifié que, bien qu'omniscients, les Bouddha ne peuvent pas faire de ... miracles. Ils ont certes tous les pouvoirs, sous-entendus les pouvoirs qui relèvent du domaine du possible. "A l'impossible nul n'est tenu", pas même un Bouddha.
Ainsi, le Bouddha disait qu'il ne pouvait pas laver les souillures des êtres avec de l'eau, qu'il ne pouvait pas extirper d'eux la souffrance comme on extirpe une écharde de la peau, et qu'il ne pouvait pas davantage déverser en eux les qualités que lui-même avaient développées.
Que pouvait-il faire pour eux ? Leur expliquer comment il s'y était pris pour progresser jusqu'à obtenir les plus hautes réalisations.
A partir de là, il appartient à chaque être de faire son chemin en appliquant la méthode. Le travail ne peut être accompli que par l'intéressé, et par personne en dehors de lui.
Chacun est l'artisan de ce qui lui arrive, et de la façon dont il ressent les événements.
Nous souhaitons aider autrui ?
Parfait, mais voyons - et acceptons - nos limites. Et quand il apparaît que, dans l'immédiat, et sur le plan concret, nous ne pouvons rien pour quelqu'un, plutôt que de céder au désespoir et de baisser les bras, usons et abusons de la force des voeux et souhaits : même si ça ne donne pas de résultats tangibles tout de suite, cela fructifiera forcément un jour.
En tout cas, c'est ce qui est dit dans le bouddhisme (je crois), sachant que dans cette vision, la mort n'est pas un échec : c'est un phénomène naturel et inévitable, qui ponctue toute naissance. La mort ne marque pas la fin radicale et définitive de l'individu ; elle est seulement le terme d'une certaine naissance, et l'antichambre de la prochaine.
Aider, oui, mais comment ?
Le troisième (et dernier) volet consiste en "l’éthique en tant que l’aide apportée à autrui", laquelle comporte onze facettes :
• Aider ceux qui en ont besoin, de manière réfléchie, judicieuse et concrète ;
• Aider ceux qui souffrent, physiquement ou moralement ;
• Rendre les services au centuple ;
• Protéger de la peur ;
• Consoler les affligés (ceux qui sont tristes d’avoir perdu un être cher, ou des possessions, etc.) ;
• Secourir les pauvres ou tout être en proie à une gêne ou à un manque ;
• Fournir logements et autres commodités ;
• S’adapter aux attentes et au tempérament des autres ;
• Encourager par des compliments, etc. ;
• Avec fermeté, voire sévérité, détourner de comportements mauvais.
Sans édicter de règles rigides et contraignantes, les traités d’éthique énoncent des principes généraux, puis envisagent de multiples exceptions ou cas particuliers car il importe de s’adapter aux circonstances du moment.
Pour prendre un exemple, un pratiquant qui a pris les vœux de bodhisattva est censé venir en aide aux malades ou aux handicapés qui le solliciteraient. Ne pas le faire constituerait une faute, mais pas si les malades ou handicapés disposent d’autres recours, et pas non plus si le pratiquant estime ne pas avoir les compétences nécessaires, ou si lui-même est malade, etc.
Cf. Asanga, Bodhisattvabhumi, "Chapitre de l'éthique"
vendredi 18 avril 2008
L'effet papillon
C'est en 1972 qu'Edward Lorenz (1917-2008) a pris l'exemple du battement d'ailes d'un papillon au Brésil qui pourrait perturber le système atmosphérique de telle sorte que des tornades finissent par s'abattre sur le Texas.
Les bouddhistes, qui admettent la loi de causalité depuis plus de 2600 ans, ont de leur côté aussi vérifié qu'une cause initialement minime peut susciter des effets immenses. C'est du reste la deuxième propriété des karma, dont le Bouddha a souligné qu'ils connaissent une croissance exponentionnelle quand ils ne sont pas contrés par des forces opposées.
Merci à Monsieur Lorenz d'avoir rendue publique cette réalité essentielle, et d'avoir su trouver l'exemple qui a permis de la vulgariser. Puisse-t-il se diriger vers une nouvelle naissance favorable, qui lui permette d'ouvrer pour le bien de tous - lui-même et autrui.
Quant à nous, et si nous jouions les papillons ? Supposons que nous agitions ici, en France, nos ailes de la paix. De proche en proche, peut-être cela pourrait-il susciter un raz-de-marée ou une tempête de paix à l'autre bout du monde...
jeudi 17 avril 2008
Prières universelles
J'espère qu'il ne me tiendra pas rigueur de venir partager avec vous cette Prière de Saint François d'Assise, qu'un bouddhiste, et surtout un pratiquant du mahâyâna, peut sans peine adopter, je crois.
"Seigneur*, fais de moi un instrument de ta paix,
Là où est la haine, que je mette l'amour.
Là où est l'offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l'union.
Là où est l'erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l'espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.
O Seigneur, que je ne cherche pas tant à
être consolé qu'à consoler,
à être compris qu'à comprendre,
à être aimé qu'à aimer.
Car c'est en se donnant qu'on reçoit,
c'est en s'oubliant qu'on se retrouve,
c'est en pardonnant qu'on est pardonné,
c'est en mourant qu'on ressuscite à l'éternelle vie."
* Les bouddhistes aussi utilisent souvent l'épithète "Seigneur", envers un Bouddha ou des Maîtres.
Les "prières" bouddhistes
Pour me simplifier la tâche (paresse, quand tu nous tiens), je partirai du vocabulaire tibétain, qui m'est un peu plus familier.
sMon lam : Dungkar Rinpoche définit smon lam comme signifiant rang nyid kyi 'dod bya'i don 'grub par smon pa. Au cas où l'un d'entre vous n'aurait pas parfaitement suivi, traduisons approximativement par "Souhaiter la réalisation de quelque chose que soi-même l'on désire."
Ex. : sMon lam chen po, rendu en général en français par "la Grande Prière" (NB. les premiers traducteurs étaient des missionnaires chrétiens).
gSol 'debs : rang nyid kyi re 'dun zhu ba'i tshig brjod pa, "exprimer ses souhaits" ; "formuler ce que l'on souhaite".
Ex. : bLa ma la gsol ba 'debs pa, "invoquer le Maître" après avoir énoncé un souhait (guérir d'une maladie, ou d'un facteur perturbateur ; progresser sur la voie spirituelle ; obtenir une bonne renaissance, etc.). En d'autres termes, il s'agit ici de demander au Maître son aide et sa bénédiction afin que se réalisent les souhaits formulés.
sNgo ba : "dédier" (des mérites) ; "dédicace" (de mérites)
Par rapport à smon lam 'debs pa, qui couvre un champ sémantique plus vaste, sngo ba suppose d'avoir accompli quelque chose de bien (de n'importe quel ordre), que l'on "dédie" en vue de l'accomplissement d'un objectif précis, de préférence élevé.
Par ex., après s'être occupé d'un animal, d'un malade, ou d'ailleurs de n'importe qui ayant eu besoin d'une aide, on pourrait dédier les karma positifs ainsi accumulés en vue de devenir Bouddha, ou de réaliser telle ou telle qualité, ou d'atteindre tout but à son gré.
kha don byed pa : "faire ses prières", "faire ses pratiques". Consiste pour le pratiquant à réciter, ou à relire, régulièrement des formules et des textes censés sous-tendre une réflexion et/ou une méditation de sa part. Par ex; : réciter chaque fois la formule de la prise de refuge en les trois Joyaux, ou répéter des mantra, ou chanter la Louange à Tara, etc.
mercredi 16 avril 2008
La Prière (suite)
Pour n'en citer que les deux premières strophes, très légèrement adaptées pour mon usage personnel :
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue, Tara.
Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue, Tara.
Vous me direz que, plutôt que de perdre mon temps (et le vôtre, mais ça, c'est votre responsabilité, ou votre choix) avec des chansons profanes - et de ce fait frivoles -, je ferais mieux de lire et relire les textes sacrés, pour mieux les étudier avant d'y réfléchir et de les méditer.
J'essaierai de me disculper en avançant que, selon les Instructions des Geshe Kadampa, tous les phénomènes sans exception nous enseignent le Dharma dès lors que nous portons sur eux le regard voulu.
Alors, pourquoi m'interdirais-je de songer aux maux du samsara sur la base d'un poème qui me touche au plus profond de moi ?
Pourquoi dédaignerais-je ces poignantes évocations des souffrances les pires qui soient (la mort de son fils pour une mère ; les sévices infligés aux enfants ; l'opprobe jeté sur un innocent, etc.) quand les mots du poète m'inspirent plus aisément (mais hélas, l'espace d'un fugitif instant seulement) un semblant d'horreur du samsara et de compassion pour les êtres souffrants, humains ou non humains.
La prière
Car si j'en crois mon dictionnaire préféré, le Petit Robert pour ne rien vous cacher, la prière se définit de la sorte : "1. Mouvement de l'âme tendant à une communication spirituelle avec Dieu, par l'élévation vers lui des sentiments (amour, reconnaissance), des méditations. 2. Suite de formules exprimant ce mouvement de l'âme et consacrées par le culte et la liturgie. 3. Action de prier qqn ; demande instante."
Pour qui récuse l'âme, et ne croit pas en Dieu, il reste à élargir et transposer (très) librement de telles définitions pour nonobstant user du mot "prière", certes bien pratique pour désigner certaines activités d'ordre religieux. Pratique mais également ambigu. Surtout dans notre société judéo-chrétienne, où inévitablement nos interlocuteurs vont mettre dans ce mot le sens qui leur est familier.
Une question me taraude : La communication et la compréhension entre les êtres est-elle possible ? J'ai bien souvent l'impression que non.
La paix sur terre
A propos de révolution, me reviennent en mémoire ces parole appelant à la paix, composées par Monsieur Jean Ferrat qui met à leur service sa magnifique voix profonde :
Nous ne voulons plus de guerre
Nous ne voulons plus de sang
Halte aux armes nucléaires
Halte à la course au néant
Devant tous les peuples frères
Qui s'en porteront garants
Déclarons la paix sur terre
Unilatéralement
Ce que j'aime tout particulièrement dans ces vers ?
C'est le courage d'agir unilatéralement...
Cela évoque en moi les exhortations du Bouddha à soi-même tâcher d'agir pour le mieux, sans attendre de retour, sans attendre que ce soit l'autre qui commence. Mais de la théorie à la pratique, il y a ce fameux pas, si difficile à franchir - en ce qui me concerne, tout au moins.
lundi 14 avril 2008
S. S. le Dalaï Lama aux USA suite
AP
SEATTLE - Le alaï lama, qui poursuit sa visite aux Etats-Unis, s'est dit préoccupé dimanche de la possible arrivée de renforts de troupes chinoises au Tibet et d'une répression accrue si la situation actuelle se poursuit dans la région.
Lors d'une conférence de presse à Seattle (nord-ouest), le chef spirituel des Tibétains a par ailleurs répété qu'il oeuvrait pour le droit à l'autonomie du Tibet, et non pour une sécession.
"Le monde entier sait que le dalaï lama ne cherche pas l'indépendance, ni la séparation", a déclaré le Prix Nobel de la paix 1989 aux journalistes.
"Nous sommes en lutte contre quelques uns des dirigeants de la République populaire de Chine, et non contre le peuple chinois", a ajouté le Dalaï lama dans un communiqué publié après la conférence de presse.
"Si la situation actuelle se poursuit au Tibet, je suis très préoccupé par le fait que le gouvernement chinois enverra des forces supplémentaires et durcira la répression du peuple tibétain", a-t-il souligné dans ce communiqué.
En revanche, a-t-il précisé, si les autorités chinoises cessent cette répression et retirent leurs troupes et leurs forces de police, il appellera tous les Tibétains à mettre fin à leurs manifestations. AP
S. S. le Dalaï Lama aux USA
SEATTLE (Reuters) - Le Dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, a une nouvelle fois menacé d'abandonner ses fonctions si les violences échappaient à tout contrôle dans la région himalayenne.
"Si la violence échappe à tout contrôle, alors je n'aurai pas d'autre choix que de démissionner. Si la majorité des gens s'engage dans la violence, je démissionne", a-t-il dit à Seattle, aux Etats-Unis, où il est en visite.
Le 18 mars, le dirigeant tibétain, qui vit en exil en Inde depuis près de 50 ans, avait déjà menacé de renoncer à ses fonctions si la situation au Tibet échappait à tout contrôle.
Le Dalaï-lama a réaffirmé vendredi qu'il n'était pas partisan d'un boycottage des Jeux olympiques de Pékin en août prochain, malgré la répression des manifestations pro-tibétaines par les Chinois le mois dernier.
Reuters - Dimanche 13 avril, 20h11
Laura Myers, version française Guy Kerivel
Mon esprit, ce rebelle
Au fond, à quoi ressemble notre esprit pour le moment ? La meilleure image que nous puissions prendre, c'est celle d'un petit enfant quelque peu indocile. Vous savez, le genre d'enfant qui n'écoute rien ni personne, et surtout pas ses parents. Qui est plutôt rebelle, et qui dès qu'on lui dit de faire quelque chose, comme il a l'esprit de contradiction, fait exactement le contraire. C'est peut-être bien dans cet état que se trouve actuellement notre esprit. Un bambin récalcitrant... Est-ce que notre esprit est enclin à nous obéir ou pas ? Qu'en pensez-vous ?"
dimanche 13 avril 2008
Respect de soi et d'autrui
Au fond, qu'est-ce que l'éthique, sinon le respect d'autrui, certes, mais également de soi-même ? Ceci concernant tous les êtres animés, insectes compris. Pas seulement les humains, et pas seulement ceux qui sont "jeunes, beaux, intelligents et en bonne santé".
J'ai relu tout à l'heure la Déclaration universelle des Droits de l'homme, promulguée le 10 décembre 1948. Le préambule dit entre autres :
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
La bouddhiste que je tente d'être (à grand peine) a envie de reprendre à son compte de telles stances, avec juste quelques modifications : en lieu et place de "tous les membres de la famille humaine", je mettrais volontiers "tous les êtres quels qu'ils soient".
Mais déjà en l'état, la Déclaration constitue un texte magnifique. Qui ne demande qu'à être mis en oeuvre.
Une question qui se pose souvent aujourd'hui est le sens que l'on accorde au mot "dignité".
Si je ne m'abuse, le bouddhisme reconnaît une dignité intrinsèque à tout être vivant. Le mahayana va jusqu'à recommander de considérer tout être comme un Guide, c'est à dire comme un Bouddha ! Et je suis soulagée quand je lis que la Déclaration universelle des Droits de l'homme affirme "la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine".
J'aimerais que cette profession de foi (si vous me permettez l'expression) soit inscrite au fronton ds bâtiments publics, et que les enfants apprennent à écrire en recopiant des phrases de ce genre.
Il n'est pas interdit de rêver, n'est-ce pas ?
jeudi 10 avril 2008
De la mort
"Déclarée morte, elle ouvre les yeux juste avant d'être enterrée vivante
Zigonet.com
Par Zigonet Zigonet.com - Mercredi 9 avril, 19h33
Alors qu'elle avait été déclarée cliniquement morte par un médecin, une Péruvienne de 33 ans a ouvert les yeux alors qu'elle allait être enterrée.
Felicita Guizabalo Viera est une miraculée. Alors qu'elle se battait avec un cancer depuis plusieurs années, elle a été déclarée cliniquement morte par un médecin.
Dévastée par la nouvelle, la famille de Felicita voulait rapidement l'enterrer.
Alors qu'elle allait être placée dans le cercueil, Felicita a ouvert les yeux, à la grande stupeur de toute la famille réunie autour d'elle. Il s'en est fallu de peu pour que la jeune Péruvienne soit enterrée vivante."
Comme quoi, quand les bouddhistes (et beaucoup d'autre religions) demandent à ce qu'on attende au moins trois jours avant de disposer du corps de la personne décédée, c'est sans doute pure prudence... Car de telles méprises ont souvent été relatées au cours de l'histoire !
Guillaume de Rubrouck
Né à Rubrouck (non loin de Dunkerque), le frère franciscain Guillaume de Rubrouck fut ambassadeur du roi Saint Louis, et c'est à ce titre qu'il réalisa un véritable exploit : il traversa le continent d'ouest en est, jusqu'à l'empire de Gengis Khan, Karakorum.
Porteur d’un message du roi, de 1253 à 1255, à pieds et à cheval, il parcourut environ 16000 kilomètres de Constantinople à Karakorum afin d’y rencontrer le Grand Khan Mangou, successeur de Gengis Khan. Il écrivit à son retour un récit de son odyssée qui fourmille d'anecdotes et de précieux renseignements sur les us et coutumes de l'époque.
Concernant le bouddhisme, et les Tibétains présents à la cour, il les évoque bien sûr, et sa vision est ... intéressante : imaginez un moine catholique du XIIIème siècle, qui découvre avec effroi des païens barbares !
Son rapport dûment présenté au Roi de France, Guillaume aurait pourtant souhaité repartir pour Karakorum, où il était invité par le Khan. Las ! Il fut victime de sa réussite. Sa notoriété avait suscité bien des jalousies. Il fut donc consigné dans sa cellule par ses supérieurs et mourut quasiment en prison, oublié de tous.
Je connais bien le village de Rubrouck, car c'est le berceau de ma famille du côté maternel, et Guillaume est désormais pour nous le héros local.
J'écris sciemment "désormais" car "nul n'est prophète en son pays", comme chacun sait (et comme sa triste fin le rappelle).
Alors que le récit de Guillaume de Rubrouck est une référence depuis longtemps dans les pays anglo-saxons, la France et la Flandre ne l'ont tiré des oubliettes que relativement récemment. Mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ?
Semaine de la Mongolie en Flandre
Aux amis de Guillaume de Rubrouck et de la Mongolie
Chers amis,
Du 7 avril au 4 mai 2008, mais principalement du 18 au 27 avril, nous vous proposons, avec de très nombreux partenaires, des manifestations à travers toute la Flandre, de Dunkerque à Mons-en-Baroeul en passant par Courtrai en Belgique et par la Flandre Intérieure Française à Hondschoote, Godewaersvelde, Bollezeele, Hazebrouck, Cassel, Esquelbecq et à Rubrouck le dimanche 27 avril pour toute une journée de fête.
Notre objectif, au cours de cette « Semaine », est de donner à voir, par un contact direct, par des spectacles, des expositions, des ateliers, des témoignages …, la très riche culture d’un peuple nomade, fier de ses traditions et de son mode de vie millénaires et l’étonnante façon dont il entre dans la modernité. Une culture qui a traversé les siècles, qui a résisté aux victoires comme aux défaites et qui est toujours extrêmement vivante au moment où elle est confrontée à un nouveau défi, celui de l’entrée de la Mongolie dans l’économie mondialisée.
Nous souhaitons présenter cette culture dans son enracinement et dans sa complexité comme dans ses difficultés et ses contradictions contemporaines, à travers la diversité de ses modes d’expression dans la vie quotidienne et dans les oeuvres des artistes et des artisans d’hier et d’aujourd’hui, de là-bas et d’ici.
Nous espèrons avoir le plaisir de vous rencontrer nombreux en ce mois d'avril à la rencontre de la Mongolie, à travers la Flandre et, bien sûr, le dimanche 27 avril à Rubrouck.
(Association Guillaume de Rubrouck)
Les quatre Nobles Vérités
Dans l'Uttaratantra, Maitreya l'espose en une stance d'une merveilleuse limpidité :
La maladie doit être discernée, et sa cause rejetée ;
la santé doit être recouvrée, et le remède absorbé.
De même, la souffrance, l'origine, la cessation tout comme le chemin
Sont à discerner, rejeter, réaliser ou encore appliquer.
Shantideva
Autrefois, j'ai porté préjudice
Aux êtres de ce même genre [de manière].
Ainsi, puisque je nuis aux êtres,
Il est juste que ce dam m'advienne.
Quand un souci ou un maheur nous échoit, ce n'est donc que "justice", au regard de la loi de causalité. Las ! La théorie est facile, mais l'art est difficile... Ô combien !
lundi 7 avril 2008
Prière pour la paix
le dimanche 20 avril, à 10 heures, partout en France
Très sensible aux épreuves qui affectent les peuples tibétain et birman mais malheureusement aussi tant d'autres populations un peu partout dans le monde, l'Union Bouddhiste de France appelle tous ses membres, et plus généralement tous les bouddhistes de France et sympathisants, à s'unir en pensée et à prier pour l'apaisement de tous les conflits et l'avènement de la paix, dans le respect de la dignité et des droits de chacun.
L'UBF invite tous les pratiquants et sympathisants à un moment de recueillement silencieux, à 10 heures, le dimanche 20 avril 2008 - date de la commémoration du génocide cambodgien.
Puissent tous les peuples du monde parvenir à vivre en paix et en harmonie.
Pour le conseil d'Administration de l'UBF
A. B. secrétaire générale adjointe
jeudi 3 avril 2008
Deux concerts pour le Tibet
"Cordes et vents : Flûte et luth tibétains, zheng (harpe) chinois"
par Tshering Wangdu et Fiona Sze-Lorrain
5 avril à 20 h
Centre Mandapa, 6 rue Wurtz, 75013 Paris (métro Glacière)
(samedi 22 mars 2008 par Redaction Tibet Info (JMB))
Ne jamais désespérer
“ Celui qui autrefois s’abandonnait au laisser-aller,
Mais qui par la suite s’impose lui-même une discipline,
Pareil à la lune libérée des nuages, est superbe,
Tel Nanda, Angulimala, Ajatashatru et Udayana. ”
Nanda était fou amoureux de sa jeune femme, et eut bien du mal à surmonter son attachement envers elle. Mais il y parvint et obtint au cours de cette vie de hautes réalisations !
Sous l'influence d'un mauvais maître, Angulimala avait déjà commis 999 meurtres quand il rencontra le Bouddha (venu exprès à sa rencontre). "Converti" par le Tathagata, Angulimala s'amenda, se purifia et atteignit dans cette vie rien moins que la compréhension du non-soi.
Ajatashatru était un parricide doublé d'un régicide ; Udayana avait tué sa mère : malgré leurs crimes dits "à rétribution immédiate", qui auraient dû les entraîner dans les enfers pour des kalpa et des kalpa, ils réussirent à mener leurs pratiques de purification d'une manière telle que le premier obtint de hautes réalisations dès cette vie, et l'autre lors de la vie suivante, après un passage éclair dans les enfers chauds - "comme une balle qui aurait rebondi", disent les textes.
Alors, courage. Si eux y sont arrivés, pourquoi pas nous ?
Un chien qui prie
Un chihuahua est la mascotte d'un temple bouddhiste au Japon. Il rejoint ses pattes avant devant sa truffe, à la manière des moines à l'instant de leur prière.
Voir :
http://www.flickr.com/photos/laurieyork/378522247/
mercredi 2 avril 2008
Message de Sa Sainteté le Dalaï-Lama
Appel au peuple chinois de Sa Sainteté le 14ème Dalaï Lama, 28 mars 2008
lundi 31 mars 2008 par Redaction Tibet Info (JMB)
"Je salue aujourd’hui chaleureusement mes sœurs et frères chinois du monde entier, et tout particulièrement ceux de la République populaire de Chine. A la lumière des événements survenus dernièrement au Tibet, j’aimerais vous faire part de mes réflexions sur les relations entre le peuple tibétain et le peuple chinois, et lancer à chacun d’entre vous un appel personnel.
Je suis profondément attristé par les pertes de vies subies lors des derniers événements tragiques au Tibet et suis conscient que des Chinois ont également trouvé la mort. Je compatis avec les victimes et leurs familles, et je prie pour elles. Les troubles récents démontrent nettement la gravité de la situation au Tibet ainsi que l’urgence de trouver une solution pacifique et mutuellement bénéfique par le dialogue. Même dans les circonstances actuelles, j’exprime aux autorités chinoises ma volonté de travailler avec elles pour établir la paix et la stabilité.
Sœurs et frères chinois, je vous assure que je ne désire nullement la séparation du Tibet. Je ne souhaite pas non plus enfoncer un coin entre Tibétains et Chinois. J’ai au contraire toujours eu à cœur de trouver une véritable solution au problème du Tibet, qui garantisse les intérêts à long terme des Chinois comme des Tibétains. Comme je l’ai maintes fois répété, mon principal souci est d’assurer la survie de la spécificité de la culture, de la langue et de l’identité du peuple tibétain. En tant que simple moine qui s’efforce d’observer chaque jour de sa vie les préceptes bouddhiques, je vous assure de la sincérité de ma motivation.
J’appelle les dirigeants de la République populaire de Chine à clairement comprendre ma position et à œuvrer au règlement de ces problèmes en "recherchant la vérité dans les faits". Je presse les dirigeants chinois de faire preuve de sagesse et d’entamer un dialogue sérieux avec le peuple tibétain. Je les appelle aussi à déployer des efforts sincères pour contribuer à la stabilité et à l’harmonie de la République populaire de Chine et éviter de provoquer des tensions inter-ethniques. La couverture des derniers événements au Tibet par les médias publics chinois qui dénaturent la réalité et induisent en erreur pourrait semer des graines de tensions ethniques et avoir des conséquences imprévisibles à long terme. C’est pour moi un grave sujet de préoccupation. De même, en dépit de mon soutien répété aux Jeux olympiques de Beijing (Pékin), les autorités chinoises, dans le but de creuser un fossé entre le peuple chinois et moi-même, affirment que j’essaie de saboter les jeux. Il est toutefois encourageant pour moi de constater que plusieurs intellectuels et universitaires chinois expriment également les fortes préoccupations suscitées par les actions des dirigeants chinois et les risques pouvant en découler à long terme, notamment en matière de relations inter-ethniques.
Depuis des temps anciens, Tibétains et Chinois vivent comme voisins. Durant les deux mille ans de l’histoire connue de nos peuples, nous avons parfois entretenu des relations amicales, contractant même des alliances matrimoniales, alors que d’autres fois, nous nous sommes combattus. Le bouddhisme ayant cependant fleuri en Chine avant d’arriver au Tibet par l’Inde, nous, Tibétains, avons toujours accordé aux Chinois le respect et l’affection dus aux sœurs et frères aînés en dharma. Les membres de la communauté chinoise vivant hors de Chine le savent bien et certains d’entre eux ont participé à mes conférences bouddhiques, tout comme le savent les pèlerins venant de Chine continentale que j’ai eu le privilège de rencontrer. Ces rencontres m’encouragent et je crois qu’elles peuvent contribuer à une meilleure compréhension entre nos deux peuples.
Le vingtième siècle a été témoin de changements considérables dans de nombreuses parties du monde et le Tibet, lui aussi, a été entraîné dans ce mouvement. Peu après la création de la République populaire de Chine en 1949, l’Armée de libération du peuple pénétrait au Tibet, ce qui a finalement abouti à la conclusion de l’Accord en 17 points entre la Chine et le Tibet en mai 1951. Lorsque j’étais à Beijing en 1954-55, participant au Congrès national du peuple, j’ai eu l’occasion de rencontrer beaucoup de hauts dirigeants, dont le président Mao lui-même, et de nouer des liens personnels d’amitié avec eux. De fait, le président Mao m’a donné des conseils sur plusieurs questions, de même que des assurances personnelles sur l’avenir du Tibet. Encouragé par ces assurances et inspiré par la ferveur de nombreux dirigeants révolutionnaires chinois de cette époque, je suis rentré au Tibet empli de confiance et d’optimisme. Certains membres du parti communiste tibétain partageaient le même espoir. De retour à Lhassa, j’ai tout mis en œuvre pour obtenir une véritable autonomie du Tibet au sein de la famille de la République populaire de Chine (RPC). J’estimais que c’était la meilleure façon de servir les intérêts à long terme des peuples tibétain et chinois.
Malheureusement, des tensions, qui ont commencé à monter au Tibet à partir de 1956 environ, ont finalement abouti au soulèvement pacifique du 10 mars 1959 à Lhassa et à ma fuite en exil. Même si nombre de changements bénéfiques se sont produits au Tibet sous le régime de la République populaire de Chine, ces changements, comme l’a souligné en janvier 1989 le précédent Panchen Lama, ont été assombris par d’immenses souffrances et des destructions à grande échelle. Les Tibétains devaient constamment vivre dans la peur, alors que le gouvernement chinois continuait de se méfier d’eux. Toutefois, au lieu de cultiver de l’animosité envers les dirigeants chinois responsables de la dure répression du peuple tibétain, je priais pour que nous devenions amis. C’est ce que j’exprimais dans ces quelques lignes d’une prière écrite en 1960, un an après mon arrivée en Inde. "Puissent-ils réaliser l’œil de la sagesse, savoir ce qui est à accomplir et ce qui est à abandonner, et demeurer dans la gloire de l’amitié et de l’amour". De nombreux Tibétains, parmi lesquels des écoliers, récitent ces lignes dans leurs prières quotidiennes.
En 1974, à la suite de graves discussions avec mon cabinet, le Kashag, de même qu’avec le président et le vice-président de l’Assemblée des députés du peuple tibétain, nous avons décidé de trouver une voie médiane visant à ne pas séparer le Tibet de la Chine, mais à favoriser le développement pacifique du Tibet. Même si nous n’avions pas de contact à ce moment avec la RPC – qui se trouvait alors en pleine Révolution culturelle – nous avions déjà admis que, tôt ou tard, nous devrions résoudre la question du Tibet par voie de négociations. Nous avons également reconnu que, du moins en ce qui concerne la modernisation et le développement économique, il serait grandement bénéfique au Tibet de demeurer au sein de la RPC. Bien que le Tibet possède un héritage culturel riche et ancien, il est peu développé sur le plan matériel.
Situé sur le toit du monde, le Tibet donne naissance aux plus grands fleuves d’Asie. C’est pourquoi la protection de l’environnement revêt une importance primordiale sur le Plateau tibétain. Notre préoccupation essentielle étant de sauvegarder la culture bouddhique tibétaine – enracinée dans les valeurs de la compassion universelle – tout comme la langue tibétaine et l’identité tibétaine unique, nous avons ardemment travaillé à l’obtention d’une véritable autonomie pour l’ensemble des Tibétains. La constitution de la RPC stipule que les ethnies, comme les Tibétains, jouissent de ce droit.
En 1979, le dirigeant suprême de la Chine à cette époque, Deng Xiaoping, a assuré mon émissaire personnel que "hormis l’indépendance du Tibet", toutes les autres questions pouvaient être négociées. Comme nous avions déjà formulé notre approche consistant à rechercher une solution de la question tibétaine dans le cadre de la constitution de la RPC, nous nous trouvions en bonne position pour saisir cette nouvelle occasion. Mes envoyés ont rencontré à plusieurs reprises des représentants de la RPC. Depuis que nous avons renoué contact en 2002, il y a eu six rondes de discussions. Cependant, nous n’avons abouti à absolument aucun résultat concret sur la question fondamentale. Néanmoins, comme je l’ai déclaré à plusieurs reprises, je demeure fermement attaché à la Voie du milieu et je réaffirme être prêt à poursuivre le dialogue.
Cette année, le peuple chinois attend avec fierté et impatience l’ouverture des Jeux olympiques. J’ai toujours soutenu l’idée que Beijing puisse accueillir les jeux. Ma position n’a pas changé. La Chine a la plus importante population du monde, une longue histoire et une civilisation extrêmement riche. Aujourd’hui, compte tenu de son impressionnant essor économique, elle émerge comme grande puissance. Il faut certainement s’en réjouir. Mais la Chine doit aussi gagner le respect et l’estime de la communauté internationale en bâtissant une société ouverte et harmonieuse, fondée sur les principes de la transparence, de la liberté et de la primauté du droit. Or, jusqu’à ce jour, les victimes de la tragédie de la place de Tiananmen, qui a bouleversé la vie de tant de citoyens chinois, n’ont reçu ni juste réparation ni réponse officielle. De même, lorsque des milliers de Chinois ordinaires des zones rurales subissent des injustices perpétrées par des fonctionnaires locaux corrompus qui les exploitent, leurs plaintes légitimes sont jetées aux oubliettes ou suscitent de violentes réactions. J’exprime ces préoccupations en tant que votre semblable, également prêt à se considérer comme membre de cette grande famille qu’est la République populaire de Chine. A cet égard, j’apprécie et soutiens la politique du président Hu Jintao visant à créer une "société harmonieuse" mais cette société ne peut s’édifier que sur la base d’une confiance mutuelle et dans un climat de liberté, dont la liberté d’expression et la primauté du droit. Je crois fermement que l’adoption de ces valeurs permettra de résoudre beaucoup de problèmes importants liés aux minorités, comme la question du Tibet, ainsi que celle du Turkestan oriental et de la Mongolie intérieure, où les autochtones ne constituent plus que 20% d’une population totale de 24 millions.
J’espérais que la déclaration récente du président Hu Jintao selon laquelle la stabilité et la sécurité du Tibet concernent la stabilité et la sécurité du pays annoncerait l’avènement d’une ère nouvelle pour le règlement du problème du Tibet. Malheureusement, en dépit des efforts sincères que j’ai déployés pour ne pas séparer le Tibet de la Chine, les dirigeants de la République populaire de Chine m’accusent d’être un "séparatiste". De même, lorsque des Tibétains, à Lhassa et dans de nombreuses autres régions, ont protesté de manière spontanée pour exprimer un ressentiment profondément ancré, les autorités chinoises m’ont immédiatement accusé d’avoir orchestré ces manifestations. J’ai demandé que cette allégation fasse l’objet d’une enquête minutieuse, menée par un organe respecté.
Sœurs et frères chinois – où que vous soyez – c’est empreint d’une grande inquiétude que j’en appelle à vous pour que nous puissions dissiper les malentendus entre nos deux communautés. J’en appelle aussi à vous pour que vous nous aidiez à trouver une solution pacifique et durable au problème du Tibet par le dialogue, dans un esprit de compréhension et de conciliation.
Mes prières vous accompagnent.
Tenzin Gyatso, Dalaï Lama
Le 28 mars 2008
L'éthique de bodhisattva
En résumé, on appelle éthique de la réunion des activités vertueuses toutes les vertus que le bodhisattva accumule par le corps et la parole en vue du grand éveil, et ce après s’être valablement engagé à l’éthique de l’abstention. Qu’entend-on par là ?
1. Le fait que le bodhisattva – qui se fonde sur l’éthique et demeure en son sein – s’applique à l’écoute [l’étude], la réflexion, le calme mental, la méditation de la vue supérieure ou encore à apprécier la solitude.
2. De même, le fait qu’en temps voulu, avec respect, il adresse la parole aux maîtres, les salue, se lève promptement ou joigne les mains. De même, le fait qu’en temps voulu, il serve respectueusement les maîtres. Le fait qu’il s’occupe des malades et que, par compassion, il leur serve d’infirmier.
3. De même, le fait qu’il remercie pour toutes les bonnes paroles. Le fait qu’il fasse pleinement l’éloge vibrant des êtres dotés de qualités. De même, le fait qu’après avoir développé du fond du cœur de la joie envers tous les mérites de tous les êtres des dix directions, il la formule et se réjouisse.
4. De même, le fait que, en ce qui concerne toutes les fautes perpétrées par autrui, il les identifie et fasse preuve de patience.
5. De même, le fait qu’il dédie complètement en vue du plein éveil parfait insurpassable toutes les vertus, déjà effectuées ou non, et que ce soit par le corps, la parole ou l’esprit. Le fait de convenablement formuler en temps opportun de multiples prières.
6. Le fait d’adresser aux trois Joyaux de vastes offrandes de tous les genres.
7. Le fait de s’appliquer toujours, sans interruption, à ce qui relève du domaine vertueux et de faire preuve d’enthousiasme, et de demeurer autodiscipliné.
8. 1) Le fait d’appliquer la mémoire et la vigilance aux points à observer par le corps et la parole et, ainsi de les respecter intégralement. 2) Le fait de contrôler la porte des sens et 3) de connaître la mesure en ce qui concerne l’alimentation. 4) Le fait de ne pas rester couché ni au début ni à la fin de la nuit et de s’appliquer à la pratique. 5) Le fait de s’en remettre aux êtres excellents et aux guides spirituels. 6) Le fait d’être pleinement conscient de ses propres erreurs et de les reconnaître comme des fautes ; les connaissant et les considérant comme des fautes, le fait de les rejeter. 7) Le fait aussi de confesser les erreurs en tant que fautes auprès des Bouddhas, des bodhisattva et de tous ceux qui se conforment au Dharma.
Toutes les éthiques consistant à accomplir, maintenir et développer les pratiques vertueuses de ce genre sont intitulées “éthiques de bodhisattva de la réunion des vertus ”.
* Extrait du Bodhisattvabhumi d'Asanga, Chapitre de l'Ethique (traduction de M.-S. Boussemart)
Précieux conseil
"Si l'on constate avoir été dans l’erreur jusqu’à présent, il ne sert à rien de ressasser le passé et de culpabiliser jusqu'à s'en rendre malade. De toute façon, il est impossible de revenir sur le passé et de le modifier. Simplement, il faudrait désormais prendre la bonne direction et agir en conséquence."
Rinpoche a dit...
Si c’est le contraire qui se produit, si plus nous prétendons pratiquer, plus nous avons de soucis, de problèmes, si nous devenons de plus en plus stressés, nerveux et coléreux, cela démontre que nous n’avons pas très bien compris comment on pratique correctement le Dharma. Nous nous sommes visblement fourvoyés.
La preuve qu’une pratique du Dharma a été effective est une plus grande détente, une plus grande sérénité."
Dur, dur d'être bouddhiste !
MAIS j'ai rencontré le bouddhisme en la personne de Rinpoche ça va faire environ ... x années. Et à force de l'entendre expliquer et réexpliquer certaines notions premières, certains mots commencent à s'immiscer dans mon esprit. En particulier le mot karma, mot désormais courant en nos chaumières, mais pas forcément si bien compris que cela.
Je ne reviendrai pas maintenant sur sa, ou plutôt sur ses significations. Ce qui me taraude aujourd'hui, ce sont les quatre propriétés des karma.(Cf. les lamrim).
1. Les karma sont certains !
Ca n'a l'air de rien, mais les implications sont terribles : cet énoncé sybillin rappelle qu'une cause bonne donne un (ou des) résultat(s) bon(s), et qu'une cause mauvaise provoque de son côté un (ou des) résultat(s) mauvais.
Bref, à chaque fois que je me mets en colère, etc., etc., je travaille activement à sinon ma perte, du moins à mes ennuis futurs.
2. Les karma se développent de jour en jour - à moins d'être contrés par des forces opposées.
Eh bien, quand j'essaie dévaluer le nombre de pensées pas brillantes qui me viennent chaque jour, sans que je fasse rien contre elles et les traces qu'elles laissent en mon esprit, cela me fait trembler...
3. Il est exclu de rencontrer des résultats issus de karma non accomplis :
Est-ce une lapalissade ? Non, hélas.
La logique veut qu'une cause qui n'a pas été établie (et qui donc n'existe tout simplement pas) ne donne rien. Cela semble simple et évident, mais entre la théorie et la pratique, il y une marge, n'est-ce pas ? Dans les faits, nous voudions bénéficier des meilleures circonstances, mais sans nous soucier d'en créer les conditions. Pas étonnant que ça ne marche pas !
4. Un karma accompli s'avère par lui-même inépuisable :
En d'autres termes, le temps ne fait rien à l'affaire... Si nous avons posé certains actes, les effets finiront par se faire ressentir. Sauf si nous leur opposons des forces contraires.
La politique de l'autruche ne sert à rien vis à vis de la loi de causalité : si on mal agi, on a vraiment intérêt à tout faire pour réparer au mieux... Gare sinon aux contre-coups, qui peuvent intervenir très longtemps après, et sont alors tragiquement amplifiés (Cf. deuxième propriété).
Tenez, il y a quelques jours, vous avez peut-être vu comme moi passer ce fait divers :
aux Etats Unis je suppose, un homme de 76 ans, en cavale depuis 47 ans, a été reconnu dans la ville où il avait jadis commis un délit, et où il a eu la malencontreuse de revenir ! Il a été arrêté et remis en prison pour finir de purger sa peine : encore deux ans, sur une condamnation de trois ans.
En France, y aurait-il eu prescription ? Je n'en sais rien, mais comme dans cette lamentable histoire, la loi de causalité est, dit-on, infaillible et mécanique - sans aucune prescription, au contraire...
Solidarité Tibet
Le drapeau tibétain à 3.650 m d'altitude au-dessus de ... Strasbourg
STRASBOURG (AFP) - Le drapeau tibétain a été déployé à 3.650 mètres de hauteur, l'altitude de Lhassa, mais ... au-dessus de Strasbourg, en signe de solidarité avec les Tibétains, par trois personnes, lors d'un saut en parachute, a-t-on appris lundi auprès de l'un des manifestants.
Les trois hommes, ainsi qu'un 4e portant l'appareil photo, sont descendus en chute libre de 4.000 à 900 mètres avant d'ouvrir leur parachute.
Pendant leur chute libre, ils se sont positionnés en cercle ouvert, cramponnés au drapeau tibétain qui flotte tout droit dans le ciel, sur fond de ciel bleu et de montagnes enneigées.
Le parachutiste a insisté pour dire qu'il s'agissait là d'une "initiative tout à fait personnelle", indépendante de tout parti et de toute association.
"C'est un clin d'oeil symbolique et pacifique de citoyens sensibles aux droits de l'Homme, et notre activité sportive nous permettait de monter facilement à cette altitude", a-t-il confié.
Forum de discussion
Vie et mort
Les naissances et les morts des êtres sont telles des comédies regardées.
La vie des êtres passe tel un éclair dans le ciel ;
Tel un torrent de montagne, elle s'écoule vite, si vite.
(Extrait du Lalitavistara-sutra)
Jour et nuit, sans jamais se figer,
Cette vie ne fait jamais que filer.
S'il n'est jamais rien pour la prolonger,
Comment quelqu'un tel que moi pourrait-il ne point trépasser ?
(Extrait du Bodhicaryavatara de Shantideva, Chapitre 2, strophe 39)
Les conditions de mort sont nombreuses ;
Celles qui maintiennent en vie sont rares,
Et elles aussi peuvent entraîner la mort.
Par conséquent, pratiquez le Dharma constamment !
(Extrait du Ratnavali de Nagarjuna)
Maître et disciple
Ici, quel besoin y aurait-il de beaucoup discourir ?
Tout ce qui plaît au Maître, il faut l'accomplir ;
Tout ce qui lui déplaît, il faut le bannir.
S'appliquant à l'un et l'autre, il faut réfléchir.