Que Francis Jammes, l'auteur, et Georges Brassens, l'interprète, me pardonnent, mais je ne résiste pas à m'approprier leur Prière (eh oui), qui m'émeut infiniment depuis des décennies (comme le temps passe !).
Pour n'en citer que les deux premières strophes, très légèrement adaptées pour mon usage personnel :
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent
Je vous salue, Tara.
Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée
Je vous salue, Tara.
Vous me direz que, plutôt que de perdre mon temps (et le vôtre, mais ça, c'est votre responsabilité, ou votre choix) avec des chansons profanes - et de ce fait frivoles -, je ferais mieux de lire et relire les textes sacrés, pour mieux les étudier avant d'y réfléchir et de les méditer.
J'essaierai de me disculper en avançant que, selon les Instructions des Geshe Kadampa, tous les phénomènes sans exception nous enseignent le Dharma dès lors que nous portons sur eux le regard voulu.
Alors, pourquoi m'interdirais-je de songer aux maux du samsara sur la base d'un poème qui me touche au plus profond de moi ?
Pourquoi dédaignerais-je ces poignantes évocations des souffrances les pires qui soient (la mort de son fils pour une mère ; les sévices infligés aux enfants ; l'opprobe jeté sur un innocent, etc.) quand les mots du poète m'inspirent plus aisément (mais hélas, l'espace d'un fugitif instant seulement) un semblant d'horreur du samsara et de compassion pour les êtres souffrants, humains ou non humains.
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