mercredi 25 juillet 2007

Le dernier roi bouddhiste du Tibet

Rälpacän (815 ou 817-838) semble avoir été le roi le plus fervent qu'ait connu le Pays des neiges. Du reste, le surnom sous lequel il passera à la postérité signifie littéralement "doté de longs cheveux" ; en fait, le roi allonge sa chevelure naturelle déjà tout à fait honorable avec de somptueux fils de soie entrelacés, et quand il reçoit des religieux, il les déroule en guise de tapis pour honorer ses hôtes qu'il fait asseoir dessus, les moines sur la tresse de droite, les religieux séculiers à jupe blanche sur celle de gauche !

Entre autres mesures qu'il prend pour favoriser l'implantation du Dharma, à l'ouest de Lhasa, sur l'autre rive de la rivière Kyichu, il fait construire un bâtiment qui comporte rien moins que neuf étages. Souvenez-vous que l'épisode se situe au tout début du IXème siècle : rien que cela est déjà un tour de force. Mais pourquoi une telle construction tout en hauteur dans un pays immense ? A nouveau, pour marquer son respect à qui de droit. Les trois étages supérieurs, en bois, abritent les textes sacrés et les statues. Les trois étages médians, en briques, sont réservés aux pandits et aux traducteurs. C'est dans les trois étages inférieurs, en pierre, que résident et travaillent le roi et ses ministres ! Dans le contexte - Asie + époque -, le symbole est de taille.

Dans un article précédent, concernant les Lotsawa, nous avons déjà pu évoquer une partie de l'œuvre de Rälpacän. Ajoutons que, pour faciliter le colossal travail de traduction et de révision en cours, il encourage – eh oui ! – une simplification de l'orthographe tibétaine. Le deuxième suffixe (da) est définitivement supprimé.

Dans un tout autre domaine, Rälpacän fait frapper la monnaie tibétaine, sur le modèle de la monnaie indienne du Maghada.

La centralisation planifiée par le "tyran éclairé", son dirigisme ainsi que, sans doute, l'impulsion qu'il donne au bouddhisme déplaisent souverainement à certains nobles qui voient s'effriter leurs pouvoirs et privilèges. Rälpacän meurt assassiné à 36 ans. Son épouse, accusée d'adultère, s'est déjà suicidée quand il pousse son dernier souffle. C'est la fin de la Première Diffusion du bouddhisme au Tibet, et bientôt celle de la monarchie.

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