Certes, les bouddhistes admettent tous le non-soi et certains d'entre eux vont jusqu'à concevoir la vacuité. Les phénomènes ne sont pas aussi réels et consistants qu'ils en donnent l'apparence. Ils sont même tout ce qu'il y a de plus relatif.
Des gens qui n'accordent aux choses et aux êtres qu'une existence purement nominale sont sans doute au-dessus des conventions mondaines, pensez-vous. N'extrapolons pas hâtivement. Ceux qui ont vraiment compris et assimilé ces notions fondamentales mais néanmoins absconses se montrent, en général, peu conformistes, c'est exact. Mais ils ne sont pas qu'une infime minorité. Il reste les autres, tous les autres.
Les sociétés bouddhistes, comme toutes les autres, ont façonné leurs us et coutumes au fil des siècles, avec les inévitables variantes géographiques et temporelles. Ce qui est convenable ici l'est moins là-bas, et inversement. Au fond, toutes ces règles de politesse et d'étiquette, elles n'ont aucune importance ; elles semblent souvent désuètes et même obsolètes. Mais elles régulent les relations humaines, qu'on le veuille ou non.
Depuis environ 35 ans que je fréquente des bouddhistes asiatiques et occidentaux, j'ai constaté que bon nombre de difficultés viennent de malentendus et d'une méconnaissance regrettable des usages respectifs. Regrettable car il faudrait souvent si peu pour que tout se passe bien.
Alors, que faire et ne pas faire ?
Dans le monde bouddhiste, en principe on se déchausse avant de pénétrer dans un temple. Dans certains pays asiatiques tels que le Japon, on se déchausse d'ailleurs avant de pénétrer dans n'importe quelle maison. Au Tibet, en revanche, c'était moins systématique, probablement en raison du climat glacial.
Toujours en principe, on n'est pas censé toucher les religieux (moines et moniales), et encore moins les embrasser. Il fait impérativement s'en abstenir quand on a affaire à des religieux de la lignée Theravada, très stricts sur l'observance de la règle. Les religieux tibétains font preuve d'une plus grande souplesse, pour ménager ceux qui se précipitent vers eux avec effusion, mais si on leur saute au cou, cela les met dans l'embarras. Du reste, en Asie, même entre laïcs, on se salue en s'inclinant devant l'autre, mains jointes éventuellement,.
Il vaudrait mieux ne pas taper dans le dos des maîtres ! Même si eux ne s'en offusquent pas, cela risque de gêner leurs disciples.
La pudeur est universelle, mais pas conçue de la même manière partout. Ainsi, en Corée, ce qu'il faut vraiment ne pas faire, c'est arriver pieds nus, c'est-à-dire sans chaussettes. C'est le comble de l'incorrection ! Comme quoi on peut choquer en toute innocence, sans nullement le vouloir et sans s'en rendre compte. En Inde ou au Tibet, du moment que la partie inférieure du corps soit bien couverte, le haut, lui, peut être dénudé, en partie ou en totalité. Mais pas en toutes circonstances. En fait, c'est du simple bon sens. Il suffirait de nous rappeler certaines règles de décence élémentaires qui avaient naguère cours chez nous aussi, en Europe.
Pour les bouddhistes, les écrits sont sacrés car ils représentent l'Enseignement. Il ne convient donc pas de les poser directement à même le sol. Il ne faut pas les enjamber, ni marcher dessus, ni s'asseoir dessus (attention aux carnets glissés dans la poche arrière des pantalons).
De même, les statues des Bouddhas mériteraient un minimum de respect. Ce n'est donc pas en en transformant une en lampe de chevet pour la leur offrir que vous allez faire plaisir à vos amis bouddhistes. Pas plus qu'ils n'apprécieront les chaussettes ou caleçons brodés de mantras. Autant le savoir pour ne pas être déçus…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire