vendredi 14 septembre 2007

Jacques Martin est mort…

Ce midi, quand j'ai ouvert la télé pour "suivre l'actualité", je suis tombée sur un extrait du Petit Rapporteur. Mon intuition a été très vite confirmée : le désormais regretté Jacques Martin s'est éteint cette nuit. Et les hommages de se succéder (alors qu'on l'avait médiatiquement enterré depuis belle lurette).

Quel dommage d'attendre pour dire du bien de quelqu'un que l'intéressé ne soit plus en mesure d'entendre et encore moins d'apprécier. Certes, cela peut être d'une certaine consolation pour ses proches - quand les jérémiades hypocrites ne les exaspèrent pas au plus haut point-, mais quand même.

Du coup je m'interroge : ne devrais-je pas, sans plus tarder, téléphoner, écrire ou mieux rendre visite, à Untel ou Untel, que j'aime bien mais que je laisse sans nouvelles depuis un bon bout de temps ? Plutôt que d'accabler de reproches Pierre ou Paul dès qu'un travail prend du retard ou qu'une faute subsiste dans un courrier (je suis optimiste en mettant "faute" au singulier : depuis la vulgarisation informatique des correcteurs automatiques, plus moyen d'avoir des textes orthographiquement corrects), ne ferais-je pas mieux de lui exprimer chaleureusement mon admiration et ma reconnaissance pour l'énorme travail qu'il abat depuis x temps ou pour sa précieuse participation à telle ou telle activité ? Peu importe qu'il s'agisse de tâches professionnelles, associatives ou familiales, la philosophie est la même.

Aujourd'hui, c'est un homme-orchestre qui est mort. Demain, ce sera peut-être moi, ou avant, ou après. Mais cela m'arrivera. Il vaudrait mieux m'y préparer, à supposer que j'en aie encore le temps.

Et puisque, autant l'avouer, j'aimais bien Jacques Martin, je lui dois bien quelques prières, en en faisant bénéficier tous ceux qui partent vers d'autres sphères en même temps que lui. Où en est-il à cette heure ? Pas la moindre idée. Peut-être est-il encore dans les phases ultimes du processus de mort, car la mort clinique ne coïncide pas forcément avec ce que nous, bouddhistes, appelons la mort - la claire lumière de la mort. Peut-être que, son continuum mental ayant quitté le support désormais usé, il se trouve dans le bardo, alias état intermédiaire. Peut-être a-t-il déjà pris une nouvelle naissance, car, selon nous, la naissance consiste en la conception, et non en la sortie d'un utérus ou d'un œuf.

Qui était-il vraiment ? Allez savoir. Au cas où, comme moi, il est un être ordinaire (je mets sciemment le présent, car si, pour lui, une vie humaine vient de prendre fin, lui-même n'a pourtant pas disparu), je formule le vœu qu'il puisse se diriger vers une naissance favorable qui lui permette de rencontrer la voie lui convenant, de sorte qu'il épanouisse pleinement les qualités dont il est, comme tout un chacun, porteur. Puisse-t-il au plus vite atteindre l'état d'Eveil, du grand Eveil, pour son bien et celui de tous les autres êtres.

Une petite anecdote à son sujet, que j'ai entendue ce midi. Après l'enregistrement d'une émission, il emmène son équipe déjeuner dans une brasserie proche des studios. La commande arrive, et le plat qu'on lui sert est … immangeable. En fin gourmet qu'il est, il s'exclame et le garçon accourt. "Monsieur Martin, il y a quelque chose qui ne va pas ?
- Ce que vous m'avez apporté est tout bonnement immangeable ! – Oh! Excusez-nous. Je vais vous ramener une autre assiette. – Non, non. Un cuisinier s'est donné du mal pour confectionner ce plat. Je vais le manger. Mais il faut qu'il sache que ce n'est pas mangeable."
Et il a mangé le contenu de l'assiette entièrement. Par respect pour le cuisinier et son travail !

Puisse le chansonnier, le baryton, l'imitateur, le cuisinier, l'amuseur, le père de famille nombreuse connaître le bonheur, le vrai bonheur, le bonheur de la libération de toute souffrance : souffrance manifeste mais aussi souffrance du changement comme souffrance de l'existence conditionnée par les karmas et les facteurs perturbateurs, à commencer par l'ignorance flanquée de l'attachement et de l'aversion ! Puisse le récit de sa vie, dont on va nous abreuver quelques heures durant, nous aider à réfléchir sur l'inanité des choses de ce monde, en termes plus techniques sur les multiples maux et inconvénients du samsara.

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