samedi 15 septembre 2007

Les moniales bouddhistes 2. La Chine

2. LA CHINE


Le Bouddhisme pénétra et se répandit en Chine dès le début de l'ère chrétienne. Dès 65, il est fait mention d'une communauté établie à Pengcheng, centre commerçant du nord du Jiangsu. Il ne semble pas que des nonnes indiennes se soient rendues en Chine; le bouddhisme n'y aurait été introduit que par des moines (surtout des Parthes, des Sogdiens et des Indo-Scythes).

Vers 313 ou 316, la première religieuse chinoise entre en religion. Quand Ceng Jian crée en 357 une "estrade des défenses" pour les femmes à Luo Yang (en s.-j. : Rakuyô), elle y reçoit, en même temps que trois autres Chinoises, l'ordination sous le nom de Jing Jian (J3ken-ni). Jing Jian construisit avec 24 moniales, dont-les vues Coïncidaient avec les siennes, le Zhu Lin Si où elle se consacra par la suite à l'enseignement de la doctrine bouddhiste.
Mais la validité de l'ordination de jôken-ni est parfois contestée car elle la reçut devant une assemblée composée exclusivement de moines, ce qui est contraire au Vinaya. En ce cas, les premières moniales chinoises seraient Hui Guo ni (Keika-ni), Jing Yin ni (Jô.on-ni) et trois cent autres femmes qui reçurent les défenses en 437 devant un chapitre de moines et de nonnes.

Par la suite, la communauté féminine se développa rapidement; elle reçut la protection du gouvernement et jouissait d'une grande autonomie. De nombreux monastères furent construits pour les moniales, qui jouaient alors un rôle important. A la fin du 4ème siècle, il y avait beaucoup de religieux et religieuses à Chang an (Chôan) mais, dès le début, les moniales n'observaient pas les 364 préceptes de bhiksuni et la vie humble et frugale des premières nonnes indiennes s'était transformée en une existence luxueuse et très confortable. Les moniales, qui, en principe, s'étaient retirées loin du monde, avaient de nombreuses activités sociales et mondaines; elles s'occupaient de l'éducation d'enfants laïcs etc... La magnificence des monastères ne rappelait en rien les modestes cellules primitives.
L'empereur Yao Xing (Yôkô, 360-416) procéda à une réforme, ramena à l'état laïc les religieux qui ne respectaient pas le Vinaya et créa un registre pour contrôler les moines et les moniales.

L'histoire de Chine connut ensuite, comme au début du Sème siècle, plusieurs périodes de décadence de la religion aboutissant à des mouvements anti-bouddhistes, iconoclastes, et à des tentatives pour revenir à la pureté. Dans les années 842-845 notamment, eut lieu la grande prescription des religions étrangères, et surtout du Bouddhisme, la plus importante d'entre elles. Une tendance xénophobe était latente en Chine depuis déjà plusieurs années (décret de 836 interdisant aux Chinois toute relation avec les étrangers) et la violence du mouvement anti-bouddhiste s'explique pour des raisons politiques et économiques (puissance des Bouddhistes dans le gouvernement du pays, richesse des monastères ...). Les biens des moines furent donc confisqués, les religieux ramenés à l'état laïc, les privilèges des monastères supprimés et de nombreux édifices religieux furent détruits. Le sort des religions d'origine iranienne fut pire encore, car elles furent définitivement proscrites de Chine (mazdéisme manichéisme, nestorianisme). Le Bouddhisme, par contre, réussit par la suite à reprendre une certaine vitalité mais il ne retrouva jamais sa puissance d'antan.

Au 13ème siècle, sous la domination mongole, le Bouddhisme chinois fut menacé par l'expansion du Bouddhisme tibétain, protégé par les nouveaux dirigeants. A partir de l'avènement de Qubilaï (en 1260), toutes les faveurs du pouvoir iront en effet aux moines tibétains, en particulier au bLa-ma 'Phags-pa (1239-1280) arrivé à Pékin en 1253. Au cours des temps, les moniales chinoises, comme les moines, rencontrèrent ainsi souvent des obstacles difficiles à surmonter et durent lutter pour survivre.

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