3. LA CORÉE
- Koguryô
L'introduction du Bouddhisme à Kogurô (Kôkuri) est le résultat d'une transaction diplomatique : Kogurô avait apporté son aide aux Qin antérieurs pour lutter contre les Yan antérieurs, ausi le souverain des Qin, Fu Jian, envoya-t-il à Koguryô une mission de remerciement en 372 (2ème année de règne du roi Sosurim, 371-384). Fu Jian avait une grande foi dans l'enseignement du Bouddha et il joignit à l'expédition le moine Shun Dao (coréen : Sundo, s.-j.: Jundô), porteur de sûtras et d'images bouddhiques.
En 374, le moine Fado (Mukhoja), qui était peut-être originaire de Koguryô, revint de Chine et en 375, le roi Sosurim fit construire dans la capitale deux monastères (Sôngmun-sa et Ibullan-sa) pour les deux moines qu'il couvrit de largesses, leur assurant sa protection pour qu'ils puissent enseigner et propager la doctrine bouddhiste. Dès 382, le Bouddhisme était religion d'état à Koguryô mais il atteignit son apogée au hème siècle. A cette époque, cependant, l'opposition chamaniste et taoïste causait des troubles incessants, si bien que de nombreux moines coréens se rendirent alors au Japon. Parmi eux, on peut citer, par exemple, Hyeja qui devint en 554 le précepteur bouddhiste du Prince Shôtoku, ou Hyeguan qui vint au Japon en 627 et fut l'un des fondateurs de l'école Sanron (Madhyamika).
- Paekche
En 384, sous le règne du roi Ch'imnyu (384-385), les Jin orientaux envoyèrent à Paekche un moine, Mârânanda (ch. : Mo luo nuo t'uo; cor. : Maranan'a), qui était sans doute d'origine indienne. Il reçut un très bon accueil à la cour et le roi Ch'imnyu fit construire en 385 un monastère à Han San, où dix moines furent autorisés à prendre l'habit. Le bouddhisme s'implanta facilement à Paekche où il connut son apogée sous le roi Sông (523-554). Sous le règne de ce roi, de nombreux moines se rendirent au Japon pour y faire connaître la Loi.
Le Bouddhisme pénétra beaucoup plus tard à Silla que dans les deux royaumes précédents et quand Ado voulut l'y implanter, sous le règne du roi Nulji (417-457), il se heurta à l'opposition de la noblesse, qui était "choquée" par l'apparence des moines (crâne rasé, port de la robe...). Wonhyo présenta le Bouddhisme à la cour de Silla, mais, bien que le roi lui ait été favorable, l'hostilité des nobles réduisit à néant tous ses efforts.
Le point culminant du conflit entre le roi et la noblesse se situe en 527, année du martyre d'Ich'adon. Ich'adon était un jeune noble, converti au Bouddhisme, que le roi fut forcé de faire exécuter. D'après la légende, Ich'adon aurait prévu et accepté sa mort afin de faire triompher sa foi. Au moment de l'exécution, sa tête vola jusqu'à la Montagne de Diamant; du cou tranché coula du lait, du ciel assombri tombèrent des fleurs et la terre trembla. Ce miracle permit de transformer l'opposition au Bouddhisme en soumission, et même si certains demeurent sceptiques devant les faits racontés ci-dessus, il n'en est pas moins vrai qu'à partir de 527 le Bouddhisme devint religion d'état à Silla, où il exerça une influence considérable. Le roi Jin-heung-wang (Shinkô) vieillissant décida d'entrer en religion, imité de son épouse qui est à l'origine de la communauté bouddhiste féminine en Corée et qui fit construire le premier monastère destiné aux nonnes (Yong-heung-sa).
En 655, une religieuse coréenne, Pôp-myông-ni (Hômyô-ni), se rendit au Japon où elle finit ses jours. Elle est connue pour avoir lu le sûtra Yuimagyô (Vimalakirtinirdeça) afin d'obtenir la guérison de Fujiwara no Kamatari (ou hakatomi no Kamatari, 514-669). C'est donc à elle que remonte au Japon l'habitude qu'ont les moines et les moniales de se réunir pour lire le Yuimagyô. A la fin du 7ème siècle, les documents mentionnent que de nombreux moines de Silla se seraient rendus au Japon et y auraient diffusé la doctrine bouddhiste.
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