1 - Abstention de comportements négatifs et nuisibles
Le fondement nécessaire, et commun, de l'éthique bouddhiste consiste à s'abstenir des 10 non vertus.
Sur une telle base, on peut ensuite s'entraîner à des observances de plus en plus subtiles et délicates.
Ainsi, les voeux de pratimoksha concernent les comportements extérieurs, relativement grossiers et donc en principe plus faciles à "gérer". Les choses se compliquent avec les voeux de bodhisattva qui régulent les relations avec autrui. La difficulté culmine avec les voeux des tantra qui supposent de contrôler son esprit, ses perceptions !
Pour prendre des exemples concrets, s'il est à la portée d'à peu près tout le monde de se refuser à assassiner des gens ou à les dévaliser, il est déjà plus ardu de ne pas les dénigrer pour se mettre soi-même en avant, ou de ne pas répondre par la pareille à des actes hostiles et agressifs de leur part. Quant à dépasser les apparences ordinaires, voilà qui requiert des qualités supérieures.
Ceci dit, les "voeux tantriques" ne concernent pas tous les pratiquants de tantra. Ils sont pris sur la base obligatoire des voeux de bodhisattva, lors d'une grande initiation (dbang chen) relevant de l'anuttarayogatantra, c'est à dire de la classe supérieure des tantra - laquelle classe est parvenue dans la zone d'influence tibétaine (Tibet, Népal, Mongolie, Bhoutan), mais pas en Chine ni dans ses pays satellites (Corée, Japon, Vietnam, etc.).
A l'instar des voeux de pratimoksha, les voeux des tantra doivent être pris auprès d'un maître qualifié sans être connus. De même que les voeux de bodhisattva, ils doivent ensuite être repris le plus souvent possible, pour les régénérer si besoin est, et pour les consolider.
Les grandes initiations des trois autres classes de tantra (de l'action, de la conduite et du yoga - c'est à dire de la méditation) ne comportent-elles pas de prise de voeux ?
Si, celle des voeux de bodhisattva.
Tout le monde peut-il recevoir une grande initiation ?
Non, il faut remplir certains critères et obtenir l'agrément du maître - l'acarya.
Toute initiation est-elle une "grande initiation" ?
Non, il y a deux autres sortes d'initiations :
- les "initiations de longue vie" (tshe dbang), ouvertes à tous en tant qu'octroi d'une bénédiction ;
- les "initiations consécutives" (rjes gnang) qui complètent une grande initiation et sont donc d'accès limité en tant que telles.
2 - Accomplissement des qualités et vertus
Le deuxième volet de l'éthique de bodhisattva englobe le développement et la mise en oeuvre de toutes qualités et vertus. C'est dire s'il est large... Aussi, pour simplifier son approche, on souligne huit aspects majeurs.
Citons, entre autres, le fait de cultiver les sagesses de l'étude, de la réflexion ou encore de la méditation ; le fait d'apprécier ceux qui font montre de qualités (au lieu de les jalouser) ; l'exercice de la patience ; l'autodiscipline, etc.
3 - Aide à autrui
Dans le Chapitre de l'Ethique (Cf. Bodhisattvabhumi), Asanga dégage onze cas de figure principaux pour apporter aide et soutien à autrui.
Quelques exemples : expliquer quoi faire et comment faire à qui l'ignore (dans tous les domaines) ; prodiguer des soins aux malades ; consoler ; protéger et rassurer ; encourager par des compliments mérités mais le cas échéant ramener dans le droit chemin par la force, etc.
Une précision non anodine : l'ordre d'énumération des trois volets de l'éthique de bodhisattva est significatif. Il indique la progression nécessaire à suivre si on souhaite faire preuve d'efficacité.
En bref, tant qu'on demeure incapable de se maîtriser soi-même, il ne faut pas s'imaginer qu'on pourra sauver ou guider les autres ! On ne pourra encore que leur apporter des coups de main ponctuels, au risque de leur faire plus de tort que de bien - avec les meilleures intentions du monde, bien sûr... Tous nous avons fait ce genre d'expérience sans nul doute.
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