Le blog de MSB. Indications historiques, anecdotiques voire doctrinales sur le bouddhisme.
mardi 18 décembre 2007
"Course aux abris"
Au Tibet jusqu'en 1959, dans les monastères tels que Gyumed Datsang ou Dagpo Datsang, les moines ne sont pas sédentaires, loin de là. Ils accomplissent chaque année tout un périple, car les sessions sont réparties entre plusieurs sites assez éloignés les uns des autres. D'où l'utilisation de ce que faute de mieux, je traduis pour le moment par "abri".
L'abri, rtsig-rva, est souvent un minuscule espace délimité par des pierres et, en principe, pourvu d'un toit : il faut au moins une saillie suffisante pour protéger les textes des intempéries. Il y a juste de la place pour une personne assise. L'occupant provisoire utilise son rtsig-rva pour étudier et méditer.
N'oublions pas qu'en général, les sessions se déroulent dans des lieux isolés qui ne comportent que peu de bâtiments : un temple, une resserre, les locaux des unités régionales, les appartements de l'abbé. Beaucoup d'activités se déroulent à l'extérieur, avec des conditions climatiques pour le moins rudes, et le temple sert de dortoir commun à tous les moines, à l'exception de l'abbé et du surveillant. Le rtsig-rva procure donc un peu d'intimité et de confort, certes rudimentaire. Même s'il se borne à un trou avec une pierre en avancée pour les livres, c'est un espace personnel, le temps d'une session.
Dans le cas de Gyudmed Datsang, le 2ème jour du 2ème mois, a lieu "la course aux abris" (rtsig-rva rgyud-bzung).
Tôt le matin, dès que les lignes de la paume de la main deviennent visibles, le gardien du site (khang-gnyer) trace une ligne blanche derrière laquelle les moines doivent attendre. Après avoir inspecté les abris, le maître de discipline se rend devant l'oratoire du Protecteur Damcän. Ayant drapé son étole (gzan) sur son avant-bras gauche, il fait par trois fois le geste de le lisser - ce qui équivaut à trois prosternations - puis fait un signe de la main.
Aussitôt, chacun s'élance en courant et le premier abri qu'il atteint lui est alloué. Comme on peut s'introduire dans les abris soit par un seuil, soit en sautant par l'ouverture du toit, si deux moines arrivent en même temps au même abri mais l'un par l'embrasure de la "porte", l'autre par le haut, l'abri revient au premier. Si les deux se présentent par le même accès, c'est l'aîné qui l'emporte. Avant cette course, personne n'a le droit de déposer le moindre objet dans un abri.
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