Le bouddhisme a une conception très large de la foi, surprenante voire choquante pour les théistes. Certes, il admet la foi aveugle, qu'il dénomme "foi dénuée de raisons (rgyu mtshan med pa'i da dpa), car il sait - l'expérience l'a démontré - que la foi du charbonnier permet de progresser, dans une certaine mesure. A la simple croyance, il préfère cependant "la foi fondée", ou plus littéralement "la foi dotée de raisons" (rgyu mtshan dang ldan pa'i dad pa). C'est que la foi étayée par la sagesse et la connaissance a l'avantage d'être stable ; elle ne risque plus d'être ébranlée et encore moins perdue, quelles que soient l'éloquence et la verve du contradicteur.
En outre, le bouddhisme observe que ces deux facettes de la foi peuvent chacune revêtir trois visages : - confiance / conviction ; - admiration / émerveillement ; émulation, tant et si bien que la foi bouddhiste embrasse tous les phénomènes existant, y compris les plus négatifs ! Mais évidemment pas avec la même optique…
Pour plus de clarté, prenons quelques exemples.
Vis-à-vis des qualités de bouddha, un bouddhiste peut éprouver les trois formes de foi : confiance, admiration et émulation (l'envie d'épanouir des vertus comparables).
Envers les qualités du Bouddha Shakyamouni, il ressent sans doute confiance et admiration, mais cette fois l'émulation est exclue : personne ne peut s'approprier les qualités de quelqu'un d'autre.
A l'égard de la souffrance, il va développer une conviction, ou si vous préférez une compréhension à propos de ce qu'elle est ou n'est pas. Mais il est évident qu'un objet tel que la souffrance ne lui inspire ni admiration ni émulation !
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