L'art de la dialectique n'est pas négligé dans le bouddhisme, et dans l'Inde ancienne, les débats entre bouddhistes et non bouddhistes avaient des enjeux d'importance.
Le perdant du débat devait embrasser la religion du vainqueur. Pas tout seul. Avec tous ses disciples.
Parmi les plus grands Pandits, plusieurs sont dans ce cas. Et pas des moindres.
Puis le Dharma a été importé au Tibet, et il s'y est diffusé avec à peu près toutes ses facettes, y compris la philosophie, et la dialectique. Depuis, les débats "font rage" dans les monastères philosophiques, comme Ganden ou Dagpo Datsang.
Pour nous donner une idée des sujets abordés, Rinpoche nous a un jour donné l'exemple d'un thème "classique" au chöra (chos rva - aire de débats) : Un Bouddha est-il ou non bouddhiste ?
- De fait, est-il ou non pertient de parler de "prise de refuge" à propos d'un Bouddha ?
- En effet, la prise de refuge ne se fonde-t-elle pas sur au moins deux causes, plus une troisième dans le grand véhicule ?
- Or, les deux causes admises par tous les bouddhistes ne sont-elles pas ° la crainte envers les souffrance du samsara en général, et des états infortunés en particulier ; ° la confiance en les capacités des Trois Joyaux pour protéger de ces maux , la troisième cause étant la compassion envers tous les êtres souffrants ?
- Or, un Bouddha n'est-il pas caractérisé, entre autres, par le fait d'avoir dépassé toutes les peurs ?
Donc, un Bouddha ne remplit pas les critères nécessaires à la prise de refuge.
Or, c'est la prise de refuge qui distingue les bouddhistes des non-bouddhistes.
Conclusion : ...
NB Pour rassurer "les âmes sensibles", outre le fait que le bouddhisme récuse de toute façon la notion d'âme (pas de soi inhérent, anatman, bdag-med), la prise de refuge peut se concevoir de diverses manières, à des niveaux différents.
Les causes habituellement présentées comme incontournables pour qu'il y ait prise de refuge digne de ce nom concernent les êtres ordinaires. Pas les Bouddhas.
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