Ce week-end, à l'Espace Reuilly, Rinpoche nous montrait comment et pourquoi la connaissance de soi est instrument de bonheur. Dans un tel contexte, il était impossible de ne pas parler assez longuement de l'esprit et des perceptions (NB en français, deux mots ; en sanskrit ou en tibétain : un seul, capable de désigner aussi l'ensemble que chacune des parties).
Bref, Rinpoche en est venu à énoncer la définition de la "mémoire" (smriti ; dran pa) telle que tirée de l'Abhidharmasamuccaya d'Asanga : "facteur mental qui porte sur un quelconque objet connu et consiste à ne pas l'avoir oublié ; sa fonction est de prémunir de la distraction."
A partir de là, Rinpoche a tenté de bien nous faire comprendre qu'il n'y a mémoire que si l'objet concerné est clairement présent à l'esprit, puis il a insisté sur les immenses avantages d'une bonne mémoire, et pas que pour la méditation : combien d'ennuis éviterions-nous si nous n'oubliions pas si souvent ce que nous devrions faire, ou ne pas faire ! Si nous n'oubliions pas ce que nous avions pourtant fermement décidé de faire, ou de ne pas faire.
Certes, nous ne sommes pas tous égaux à la naissance de ce point de vue là (question d'entraînement antérieur), mais la mémoire existe en tout un chacun. Elle ne demande qu'à être développée : il faut et il suffit pour cela de l'utiliser régulièrement, de la faire travailler, de "la muscler" en quelque sorte, en prenant soin de ne jamais forcer, pour éviter les trop-pleins, claquages et autres obstacles.
Ainsi, nous a raconté Rinpoche, parmi ses nombreux Maîtres, deux témoignaient d'une mémoire particulièrement remarquable : Gomang Khensour Rinpoche Nagwang Nyima-lags - le Maître mongol dont nous avons déjà parlé - et surtout Kyabje Trijang Dorjechang, Tuteur Junior de Sa Sainteté le 14ème Dalaï lama.
Rinpoche avait eu la joie de découvrir chez l'un de ses amis tibétains (le lama kagyupa fondateur du Centre Samyeling en Ecosse) un manuscrit très rare, une biographie secrète du grand historien tibétain Taranatha, qui fourmillait d'anecdotes plus surprenantes les unes que les autres.
Ravi, Rinpoche avait mentionné l'ouvrage dans sa prochaine lettre à son Maître, qui en retour lui envoya plusieurs longues citations tirées de l'ouvrage.
Renseignements pris, eh bien non, le Tuteur n'avait pas un exemplaire de la biographie sous la main : il avait eu l'occasion de la parcourir un jour de congé, lorsqu'il avait ... seize ou dix-sept ans. C'est-à-dire pas loin de soixante ans en arrière !
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