Sogpo Gönkar Kyab (Sog-po mGon-dkar skyabs) est le seul Mongol qui ait accédé à la charge d'abbé du monastère Gyudmed depuis la fondation en 1432.
C'est après avoir étudié à Sera Jey qu'il est entré au collège tantrique dont il est devenu le 71ème abbé. Comme il est décédé prématurément peu de temps après sa nomination, il n'a pas de louange dans les Invocations aux Abbés, mais en dépit de peu de temps dont il a disposé, il a apporté des changements importants, avec le soutien du Régent Rating Rinpoche (Rva-sgreng rin-po-che)
Jusqu'à Gönkar Kyab, les terres de Gyudmed étaient propriétés de l'abbé. Or, si autrefois certains abbés restaient à la tête du collège une dizaine ou une quinzaine d'années, par la suite le roulement se faisait tous les trois ans, période durant laquelle l'abbé avait la responsabilité aussi bien matérielle que spirituelle de ses moines. Autant dire que la gestion laissait à désirer, ce qui entraînait de grandes difficultés.
La nourriture de Gyudmed était donc connue pour sa frugalité et il arriva même que l'on ne pût plus servir de thé aux moines durant les cérémonies ! En effet, les récipients dans lesquels on faisait bouillir l'eau étaient usés au point d'être percés et il n'y avait pas d'argent pour les remplacer. Par conséquent, la communauté fut privée de thé - ce qui revenait à, disons, priver des Italiens de café, si vous me permettez cet exemple pour faire comprendre la situation à ceux qui ne connaissent pas bien les coutumes tibétaines.
Pour éviter que de tels désagréments ne se renouvellent, à l'initiative de Gönkar Kyab, les terres devinrent la propriété du collège, et des intendants (phyag mdzod) furent désignés, un par khang tshan (unité régionale). Les moines furent enfin un peu mieux nourris, et purent se consacrer avec d'autant plus d'énergie à leurs activités.
Quant à l'abbé de Gyudmed, qui du coup avait perdu tous ses revenus, le Régent décida qu'il lui serait accordé un salaire équivalent à celui de l'abbé de Sera Med (le plus élevé à l'époque). Lors des distributions d'argent, etc., l'abbé aurait droit à dix-sept parts , et à une mesure ('bru khal) de grains par jour.
Gönkar Kyab excellait en poésie et en grammaire, raconte Khensur Rinpoche Sonam Gyältsen. Il plaisantait souvent lorsqu'il les enseignait : "Et dire que c'est moi, Mongol, qui dois vous apprendre le tibétain !"
Il a composé plusieurs ouvrages dont 'Dul-ba sdom rgyas-pa- un important traité sur le Vinaya.
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