L'éthique constitue le fondement de la pratique bouddhiste, et l'éthique de base suppose de s'abstenir des "dix non-vertus" : 3 physiques (tuer, voler, se livrer à des inconduites sexuelles) ; 4 orales (énoncer des mensonges, des paroles de discorde, des propos blessants, des propos futiles) ; 3 mentales (convoitise, malveillance, vues fausses).
Cela a l'air simple. Ce n'est qu'une apparence, car dès que l'on tente d'appliquer, on a du mal à démêler le vrai du faux, le bien du mal.
Prenons l'exemple des "propos futiles". A ce propos, je vois souvent utilisée l'expression "bavardages inutiles".
A moi, le terme "bavardage" évoque l'idée de conversation, activité qui requiert au moins deux personnes. Or, pour commettre la non-vertu orale des "propos futiles", on n'a nullement besoin de compagnie ! Dès lors que l'on émet des paroles qui ne sont pas indispensables, l'affaire est dans le sac, si j'ose dire. Par conséquent, quand on parle tout seul, ou que l'on chantonne sous la douche, il se peut qu'il s'agisse de cette non-vertu. Pas toujours. Pour le déterminer, le critère est celui déjà indiqué, de l'utilité. Si on parle ou chante tout seul pour se réconforter, parce qu'on a peur ou qu'on est triste, il y a utilité. En revanche, si on le fait par attachement, par distraction, etc., je suis désolée, mais si, c'est la non-vertu.
Par ailleurs, la formulation "propos futiles" est à peine plus explicite que "bavardages inutiles", car bien qu'il soit question d'une non-vertu classée "orale", elle englobe ... les lectures inutiles. Et moi qui ai passé des jours et des nuits à dévorer des romans...
C'est que, selon l'analyse bouddhiste, l'écrit n'est jamais que la transcription de l'oral, et il ne faut pas confondre la graphie (qui relève de la forme) et le mot lui-même (qui est son).
Maintenant, à votre avis, quand nous écoutons la radio ou regardons (et a priori écoutons) la télévision, un film, etc., peut-il s'agir ou non de cette même non-vertu des "propos futiles" ?
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