Un geshe tibétain décrivit de la sorte le cheminement spirituel :
"Au début, le lama est un lama. Ensuite, le lama, ce sont les textes. Enfin, le lama, c'est notre esprit !"
Impossible de pratiquer le bouddhisme sans Maître. Paradoxalement, celui-ci fera tout pour rendre son élève autonome. Mais contrairement à la relation filiale, ici, il n'est en aucun cas question de prendre son autonomie "en se séparant" ou "en se détachant" de l'éducateur. Au contraire, plus la relation devient proche et mieux c'est. La relation spirituelle s'entend, qui n'exige pas une proximité spatiale. Et qui dépasse les frontières du temp. Je suis toujours étonnée pour ne pas dire choquée quand j'entends utiliser l'expression "son/mon ancien Maître" sous prétexte que ledit Maître aurait transmigré : il n'en reste pas moins le Guide que l'on s'est choisi et que l'on a décidé de suivre, toute sa vie - toutes ses vies même.
Peu de temps avant de quitter un corps désormais trop usé, le Père des kadampa, Dromtönpa, aurait ainsi réconforté ses disciples éplorés : "Ne pleurez pas. Et quand je ne serai plus présent parmi vous, prenez le Tripitaka comme maître."
Le Tripitaka ? Eh bien, c'est ce qu'on dénomme en français "les Trois Corbeilles", à savoir les Enseignements du Bouddha, répartis par thèmes en trois collections : les sutra, le vinaya et l'abhidharma.
Ainsi, dès lors que l'on suit correctement un maître (humain), il importerait d'apprendre à le retrouver dans les enseignements (transcrits dans les textes), et finalement en soi-même, c'est-à-dire en son propre esprit : en réalisant l'état de Bouddha, on réalise aussi la nature du Maître. Le Bouddha n'exhortait-il pas ses auditeurs à chercher en eux-mêmes protection et refuge, et à devenir leur propre maître ?
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