De tous les monastères gelugpa non tantriques, c'est incontestablement le collège philosophique de Dagpo Datsang qui a l'organisation la plus proche de celle du collège tantrique de Gyudmed.
Egalement appelé Dvags-po bshad-grub-gling ou encore Lam-rim grva-tshang , ce collège a été fondé par Je Lodrö Tänpa (Blo-gros brtan-pa ; 1402-1478), originaire duTsang. Ce maître fut disciple de Jé Tsongkhapa qui le bénit en lui posant sur la tête son Grand Lamrim, et l'invita à établir un monastère dévolu à cet enseignement. C'est ce qu'il fit au Dagpo après avoir été abbé du collège Khupe à Sangphu et de Jangtse à Ganden.
Il reprit textuellement la règle conçue par Sherab Senge et adopta le rythme annuel itinérant : les moines de Dapo Datsang, jusqu'en 1959, ne résidaient au siège que durant la session d'automne. Ils passaient celle d'hiver à Or, près de Bamchös, celle de printemps à E et celle d'été à Chökhor Gyäl, fondé par le deuxième Dalaï-lama, qui fut abbé du collège et lui donna ses mélodies particulières.
Comme à Gyudmed, au Tibet les moines dormaient tous ensemble dans le temple, et les lam (sprul-sku) ne bénéficient de guère d'autres privilèges que de celui de devoir étudier plus encore pour ne pas décevoir les espoirs que l'on a mis en eux.
Les abbés sont nommés pour trois ans. Chaque année trois à six moines passent les examens terminaux en philosophie, devenant "geshe", ou plus exactement Dvags-po rab-'byams-pa, selon la terminologie du collège. En général ils quittent alors le collège et n'y reviennent que pour y être abbés, ou dispenser des enseignements. Ils ont le choix entre plusieurs possibilités : rentrer dans leur région ou leur monastère d'origine et y enseigner, se retirer dans un ermitage ou entrer à Gyudmed (exceptionnellement, autrefois, à Gyutö). Dagpo Datsang a ainsi fourni cinq abbés à Gyudmed et cinq Ganden Tripa à l'école : les 36ème, 38ème et 52ème par l'intermédiaire de Gyudmed, et les 35ème et 43ème par celui de Gyutö.
Pour en revenir au fondateur, en 1473, Je Lodrô Tänpa confia le collège à son disciple Nagwang Dagpa car lui-même accédait au trône de Ganden. On lui doit de nombreux ouvrages, à propos de pramāṇa et de quatre des traités de Maitreya.
Le monastère du Dagpo comptait environ sept cents moines en 1959, et un peu plus d'une centaine actuellement. Certains de ceux qui avaient réussi à trouver refuge en Inde se sont d'abord regroupés à Bomdila, mais c'est une région d'accès extrêmement restrictif, de sorte que la communauté ne pouvait ni se développer ni recevoir de maîtres extérieurs. En 1982, les moines ont donc déménagé à Mainpat où le Dalaï-lama leur cédait une résidence qui lui avait été offerte, quelques champs et deux vaches. Ils étaient, en 1996, une soixantaine dont vingt à vingt-cinq d'entre eux séjournaient à Mundgod~ pour étudier et débattre à Gomang où ils ont désormais une maison avec un temple et des cellules.
Depuis deux ans, la communauté est installée à Kaïs, dans la vallée de Kullu, après plusieurs années de durs travaux dirigés par l'un de leurs quatre Lama en exil, Lochen Rinpoche arrivé en 1987 après des années de travaux forcés au Tibet - c'est ainsi, sous la férule chinoise, qu'il est devenu menuisier et architecte !
Autrefois, à Bomdila, désormais à Kaïs, à Mainpat ou à Mundgod, les moines de Dagpo Datsang reçoivent l'aide tant matérielle que spirituelle d'un autre de leurs Lama, Dagpo Rinpoche ( Dvags-po rin-po-che Byams-pa rgya-mtsho), né en 1932 et installé en France depuis 1960, qui chaque année leur rend visite, prend connaissance des problèmes, prodigue des conseils, cherche des solutions et prodigue des enseignements.
Le troisième lama, Guru Rinpoche a réussi en 1996 les examens de geshe et est entré aussitôt à Gyudmed, où après avoir accompli la formation ès tantra, il a déjà assumé la fonction de maître de discipline : la tradition se perpétue en dépit des obstacles, et la communauté place beaucoup d'espoir en son quatrième sLama, Losang tenzin (âgé en 2007 de ving-cinq ans environ).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire